Les paires d’opposés – Conférence d’ouverture (1/2) – [sommaire]
Séminaire 2002
par Benjamin Creme,
L’article suivant est la transcription d’une conférence donnée par Benjamin Creme à la rencontre des groupes de transmission qui s’est déroulée dans les environs de San Franscisco, aux Etats-Unis, en août 2002.
Les paires d’opposés
Par le Maître –, à travers Benjamin Creme, juillet 1989
Depuis que l’homme est apparu sur la Terre, son histoire n’a été qu’une longue suite de conflits et de luttes, d’agressions et de guerres. Il n’y a guère eu d’époque où ces tendances n’aient été dominantes, si bien qu’elles sembleraient constituer la nature essentielle de l’homme. Pourtant, en dépit des apparences, ce n’est nullement le cas. Pourquoi alors, l’homme présente-t-il une image aussi déformée de lui-même ? D’où lui vient cette propension à l’action chaotique et à la violence destructrice ?
L’homme est essentiellement une âme, un reflet parfait de Dieu. Au cours d’innombrables incarnations, depuis les temps les plus reculés, l’âme de l’homme a cherché à exprimer sa nature divine dans le temps et l’espace. Lorsqu’elle se crée une contrepartie physique, elle la dote des moyens qui lui permettront d’évoluer vers sa propre perfection. C’est ainsi que le Plan de Dieu s’accomplit.
La clé de ce développement est l’aspiration. En chaque homme demeure le désir de perfection et le besoin d’exprimer le bien, le beau et le vrai : les attributs de l’âme. Personne, quelles que puissent être ses défaillances, n’est dénué du désir de s’améliorer, peu importe comment il l’exprime. Il n’existe personne en qui cette aspiration ne serait présente. Comment alors expliquer les aberrations de l’homme, sa violence et sa haine ?
La réponse se trouve dans la position unique qu’il occupe, point de rencontre de l’esprit et de la matière, et dans les tensions que suscite la coexistence de ces deux aspects en lui. L’homme est une âme immortelle, plongée dans la matière, et, par conséquent, sujette aux limitations qu’elle impose. Sa lutte pour la perfection consiste à résoudre l’opposition inhérente aux deux pôles indissociables de sa nature et à les conduire à une union complète.
La domination de la matière
Au moyen d’incarnations répétées, le processus d’évolution atteint progressivement ce but, jusqu’à ce que la qualité et le rayonnement de la matière coïncident avec ceux de l’esprit. Le Plan s’est alors réalisé et un autre Fils de Dieu est retourné chez lui.
Pendant très longtemps, la domination de la matière fait obstacle à l’expression de l’âme ; l’évolution se poursuit, mais lentement. Lorsqu’il a résolu le conflit entre les pôles opposés de sa nature, l’homme réalise que la dichotomie n’est qu’apparente, et les oppositions irréelles. Il réalise alors que tout est Un, que l’esprit et la matière ne sont que deux aspects d’un Tout divin, et que les limitations du passé ne sont rien d’autre qu’illusion.
Sans ce conflit entre les opposés et la friction qui en résulte, les progrès de l’homme seraient vraiment lents. La friction est le feu qui le pousse sur son chemin, l’aspiration, la lumière qui l’appelle toujours plus haut.
C’est ainsi que l’homme, avec le temps, abandonne les limitations de la matière, en revêtant celle-ci du rayonnement de sa vérité spirituelle. L’homme a pour mission de spiritualiser la matière et d’amener la substance de la planète, dans chaque règne, à devenir le reflet parfait de l’Homme céleste dont elle est le corps. Le conflit et la guerre, la violence et la haine, ne sont que des manifestations temporaires de l’incapacité de l’homme, dans son état actuel, à manifester sa véritable nature. Le temps est proche où sa vérité prévaudra, où sa beauté rayonnera et où sa bonté éclatera aux yeux de tous.
« Les paires d’opposés », un sujet d’une importance capitale : rien de moins que la démonstration par mon Maître de notre existence en tant qu’âme. Et également l’énoncé des raisons qui font que, pendant très longtemps, il est bien difficile pour l’âme de se manifester à travers l’homme et pour l’homme de se manifester comme âme. Naturellement, du point de vue de l’âme le temps ne compte pas, car elle ne fonctionne pas dans le temps. Mais du point de vue de ce qui fonctionne dans le temps, les corps physiques qui se succèdent à travers les siècles, il semble s’écouler une période interminable avant que l’âme puisse réellement manifester sa propre nature à travers son reflet, l’homme ou la femme en incarnation. Que cela ne puisse se faire du jour au lendemain, c’est bien sûr évident. L’âme s’incarne dans la matière. Elle se pourvoit d’un corps physique, d’un corps émotionnel et d’un corps mental, dont la personnalité, réflexion de l’âme sur le plan physique, est la synthèse. La différence de vibration entre l’âme et les différents corps empêche toute possibilité de fusion immédiate, ou même relativement rapide, entre elle et eux.
Selon les Maîtres, l’homme est apparu pour la première fois sur la Terre il y a dix-huit millions et demi d’années. C’est long. Nous sommes à l’œuvre depuis tout ce temps. Pouvez-vous imaginer combien cela vous paraîtrait épuisant si vous vous en souveniez ? Dix-huit millions et demi d’années de luttes pour parvenir à ce point, cela paraît démesurément long.
Et pourtant, il semble bien qu’il ait rarement existé une période où nous n’ayons connu ni conflit et lutte, ni agression et guerre. On a dit que ce continent, l’Amérique du Nord, avait été découvert par Christophe Colomb. Mais les Vikings y sont venus longtemps auparavant. Ils ont débarqué ici au VIIIe siècle, ils se sont peints le visage et le corps, et ils ont rencontré et combattu d’autres hommes dont la peau était encore davantage peinte.
« Il n’y a guère eu d’époque où ces tendances n’aient été dominantes. »
Pouvez-vous imaginer que pendant dix-huit millions et demi d’années il y a rarement eu un week-end tranquille. Il y avait toujours une guerre en train de commencer, ou bien chacun se reposait en attendant le lundi pour recommencer à se battre, si bien qu’il semblerait que ce perpétuel état de conflit reflète notre véritable nature. Est-ce vrai ? Est-il possible que ce comportement agressif représente la nature intrinsèque de l’homme, de l’humanité dans son ensemble ?
Le Maître dit qu’en dépit de toutes les apparences contraires, et elles sont nombreuses, ce n’est absolument pas le cas. Si un Maître le dit, c’est qu’il le sait. Les Maîtres le savent car ils ont la vision d’une époque, d’un monde où les choses seront différentes. La nature essentielle de l’homme, et de la femme, est autre que le conflit, la lutte, l’agression et la guerre. Pourquoi, dans ce cas, offrons-nous une image aussi terrible, aussi déformée, de notre véritable nature ?
« D’où lui vient cette propension à l’action chaotique et à la violence destructrice ? »
Selon l’enseignement ésotérique, chaque génération amène en incarnation ceux qui sont dotés des capacités nécessaires pour résoudre les problèmes de leur temps. Ceci permet à l’humanité de poursuivre son évolution. Il existe toujours une nouvelle génération qui voit les problèmes, est capable de les traiter d’une manière neuve et de les résoudre, préparant ainsi la voie pour l’humanité dans son ensemble. Mais en même temps, bien sûr, il existe cette tendance au conflit, inhérente aux relations entre l’esprit et la matière.
« L’homme est essentiellement une âme, un reflet parfait de Dieu. »
Cette affirmation est le truisme ésotérique de tous les temps. Nous sommes en réalité des âmes en incarnation. Des âmes parfaites, identiques à celui que nous appelons Dieu, l’Homme céleste qui est l’âme de cette planète, celui qui nous a créés et dont nous sommes les formes-pensées. Dieu a conçu un plan d’évolution et nous y a inclus, en tant que l’un des aspects de ce Plan, en tant qu’élément partiel, mais important, de l’ensemble. En rapprochant l’esprit et la matière, il a créé l’homme.
« Au cours d’innombrables incarnations, depuis les temps les plus reculés. »
L’humanité existe depuis dix-huit millions et demi d’années (et pour combien de temps encore ?). A quel moment notre âme a-t-elle commencé à prêter attention à la matière à travers laquelle elle s’exprimait sur le plan physique ? C’est ce moment qui détermine notre niveau d’évolution. Lorsque notre âme voit que nous sommes prêts à commencer à exprimer, quelque peu, sa propre perfection, à manifester dans le processus d’incarnation les qualités qui sont les siennes – la vérité, la beauté, l’intelligence, l’aspiration à la perfection – notre véritable évolution commence. Le moment où cela s’est produit pour chacun détermine notre niveau d’évolution.
Au cours d’innombrables incarnations, l’âme cherche à exprimer sa nature divine dans le temps et dans l’espace, à travers des personnalités successives (à travers des corps physiques, émotionnels et mentaux), tantôt en tant qu’homme, tantôt en tant que femme. Elle satisfait ainsi son désir, son aspiration à refléter sa propre nature et ses propres qualités dans une contrepartie physique. Elle dote cette réflexion d’elle-même des moyens d’évoluer vers la perfection. C’est ainsi que se met en place le Plan de Dieu.
Mais des millions de personnes ignorent qu’il existe un Plan. C’est un état de fait regrettable. Probablement le plus regrettable qui soit, mis à part l’ignorance presque totale de notre existence en tant qu’âmes. La première chose, la première réalité, qui devrait à mon avis être enseignée, c’est la constitution humaine : le fait que notre nature est essentiellement spirituelle, que cette nature spirituelle, cette divinité, cet esprit, se reflète à un taux de vibration légèrement inférieur en tant qu’âme humaine et que celle-ci à son tour se reflète sur le plan physique en tant qu’homme ou en tant que femme. L’évolution procède selon un Plan. Les Maîtres de notre Hiérarchie spirituelle sont les Gardiens de ce Plan.
Si chacun le savait, ou pouvait l’admettre comme une hypothèse, le monde serait extrêmement différent. Les gens ne sachant pas qu’il existe un Plan, n’ont aucune idée de ce vers quoi ils se dirigent. Ils sont entraînés par le grand aimant de l’évolution, et le résultat est qu’ils n’ont pas réellement de libre-arbitre. Ils sont simplement poussés par les circonstances, circonstances auxquelles ils réagissent, naturellement, selon le niveau d’évolution qu’ils ont atteint.
Ce qui est nécessaire, avant tout autre chose sans doute, est une rééducation de l’humanité, de sorte que chacun sache que l’évolution procède selon un Plan, et qu’il peut jouer un rôle dans ce Plan. Nous pouvons devenir conscients et agir dans le sens du Plan. Le chaos, l’agression et la guerre, le conflit et la lutte, résultent de l’ignorance de l’existence même d’un Plan et de sa nature. Cette ignorance fait que nous ne savons comment diriger nos vies. Il existe de grandes lois gouvernant le processus de l’évolution, et l’âme dote son véhicule des moyens d’évoluer. La clé de ce développement est l’aspiration. Tout ce qui évolue, depuis le grain de sable jusqu’à l’être le plus évolué que vous puissiez imaginer, l’ange ou l’avatar le plus rayonnant qui soit, a atteint le niveau où il se trouve grâce à l’aspiration.
Il fut un temps où toute vie se situait dans la mer. Les océans détenaient la majeure partie de la vie sur cette planète. Sur les parties émergées le règne végétal faisait ses débuts, lorsque quelques créatures marines sortirent de la mer pour accéder à la terre ferme.
Cela a dû être une expérience extraordinaire pour les premiers poissons, ou les premiers reptiles, qui sont sortis de la mer et ont réussi à atteindre un sol relativement sec. Ils ont dû apprendre à respirer et à se mouvoir différemment. Ils ont dû apprendre à marcher, maladroitement au début, puis avec une plus grande facilité, jusqu’à ce qu’ils soient capables de courir plus vite que ne le fait un cheval aujourd’hui.
Tout ceci ne s’est pas fait par hasard. C’est le résultat de l’aspiration. Il est difficile d’imaginer l’aspiration d’une créature marine à se rendre sur la terre ferme, cependant sans aspiration cela ne serait jamais arrivé. Aucun changement ne se fait sans l’aspiration au changement. Un changement de cette nature, passer de la vie dans la mer à la vie sur terre, fut un changement capital. C’était obéir à une volonté intérieure, à une aspiration au changement, le désir d’accéder à une condition de vie meilleure, plus élevée, à une perfection non imaginée jusqu’alors, mais pressentie comme une possibilité. Nous-mêmes évoluons exactement de la même manière.
Grâce à l’aspiration nous avons un idéal. Nous réagissons aux énergies envoyées dans le monde par la Hiérarchie des Maîtres, les Gardiens du Plan, et en réponse nous aspirons au changement. Nous avons la vision d’une situation différente et meilleure, plus parfaite, que ce soit dans le domaine politique, économique, social, scientifique, culturel ou autre. Cette capacité à envisager quelque chose de mieux, quelque chose qui se rapproche davantage de la perfection qu’instinctivement nous savons possible, nous fait évoluer. Nous savons instinctivement ce qui se trouve dans le mental du Logos car, fondamentalement, nous sommes des âmes, des réflexions exactes du Logos que nous appelons Dieu, le Logos de la planète Terre, l’Homme céleste dont nous sommes l’idée.
C’est ainsi que nous évoluons, et créons de nouvelles conditions. C’est la raison pour laquelle des êtres vivants ont pu sortir de la mer et s’habituer à vivre sur la terre ferme.
« La clé de ce développement est l’aspiration. En chaque homme demeure le désir de perfection et le besoin d’exprimer le bien, le beau, le vrai : les attributs de l’âme. Personne, quelles que puissent être ses défaillances, n’est dénué du désir de s’améliorer, peu importe comment il l’exprime. »
Il existe peut-être quelques exceptions. Certains hommes politiques d’aujourd’hui, ou d’hier, trouvent difficilement leur place dans ce contexte. Mais, soyons généreux. Acceptons ce que dit le Maître, l’idée que personne, quels que soient ses défaillances, ses insuffisances, son goût du pouvoir, son avidité, n’est dépourvu du désir de devenir meilleur. Chacun a le sens du bien, même si, bien souvent, il en fait une interprétation totalement erronée et crée la destruction.
« Comment expliquer alors les aberrations de l’homme, sa violence et sa haine ? » Comment expliquer, par exemple, l’attitude de certains des hommes qui dirigent le monde aujourd’hui ?
« La réponse se trouve dans la position unique que l’homme occupe, au point de rencontre de l’esprit et de la matière, et dans les tensions que suscite la coexistence de ces deux aspects en lui. »
Tel est le secret. Nous sommes des âmes, des êtres spirituels parfaits, sublimes, identiques au Dieu dont nous émanons. Mais notre enveloppe est à l’opposé de l’esprit, apparemment tout au moins. Elle est faite de matière : la matière de notre corps physique, émotionnel et mental. Notre corps mental, lui-même, cette chose ténue que nous appelons pensée, est de la matière, s’exprimant à un niveau particulier. Dans cette matière, une grande réorganisation se met en place. Nous l’appelons évolution. L’âme s’incarne dans la matière et traverse le conflit très long, en apparence interminable, entre ce que nous appelons esprit et ce que nous appelons matière.
Telle est la raison de la violence et de la haine qui ont régné pendant des siècles et des siècles – 18,5 millions d’années – au point que parfois l’humanité fut au bord mê-me de l’extermination. Le règne animal est à l’origine de la mort de bien des hommes, mais les hommes eux-mêmes se sont souvent entretués, pour de la nourriture, pour un lopin de terre, pour une domination avide sur leur territoire. L’homme a un côté avide, qui vient de sa mauvaise interprétation du sens et du but de la vie. Certains pensent qu’il est normal de s’emparer du territoire des autres, d’y installer des commerçants, puis de baptiser ce territoire « empire ».
L’impérialisme est presque aussi vieux que l’humanité, et il perdure. Le désir d’être le plus grand et le meilleur existe toujours. Bien sûr, plus nous devenons grands et meilleurs, plus nous devenons puissants, et plus encore nous avons la possibilité de le devenir. C’est ce que les pays impérialistes ont fait de tous temps. C’est ainsi que les Romains ont conquis tout le monde alors connu, toute l’Europe et l’Asie mineure, la route des Indes, et en Occident la route vers l’Allemagne et ses plaines, la France, l’Espagne et même la Grande-Bretagne, en traversant la Manche.
Regardez ce que les Romains ont fait. Ils étaient partout, mais cela ne leur suffisait pas. Aussi que firent-ils ? Lorsque le monde s’ouvrit davantage, notamment grâce aux explorateurs espagnols et portugais, les Romains se dirent : « Cela ne va pas du tout. Nous avons perdu notre pouvoir. Plus personne ne pense à Rome. » Et les Romains se sont incarnés en tant qu’Anglais. Ils ont entrepris de reconquérir le monde et cette fois ils s’emparèrent de sa plus grande partie, environ les trois-quarts, et ils lui ont donné le nom d’Empire britannique. C’est bien sûr de l’impérialisme.
En s’incarnant en tant qu’Anglais, ils eurent la possibilité de bâtir un empire plus grand que Rome n’en avait jamais connu. Les Romains construisirent des routes, les Anglais construisirent des chemins de fer. Ils purent aller plus loin et plus vite, et cela créa une ouverture vers le monde entier. Les Romains sont encore à l’œuvre.
« L’homme est une âme immortelle, plongée dans la matière, et, par conséquent, sujette aux limitations qu’elle impose. »
Tel est le problème. Tout cela a trait au niveau de vibration. La matière, relativement parlant, par rapport à l’âme, est inerte. Elle ne vibre pas, ou elle vibre si lentement que pendant de longs siècles l’âme ne peut l’utiliser, si ce n’est de manière très rudimentaire, au sens où elle lui permet de s’incarner et de se construire un véhicule, un homme, ou une femme, qui grandit, a des enfants et meurt. C’est la façon dont les choses progressent, mais cela dure une éternité.
La matière est inerte, elle ne répond pas aux vibrations de l’âme, à ce que le Maître appelle la beauté, la vérité, la bonté de l’âme. Et cependant l’être qui se trouve dans ce corps, emprisonné dans la matière, éprouve, du fait même qu’il est une âme, un désir de perfection, le sentiment qu’il existe quel-que chose de meilleur. Il vient un moment, dans l’histoire de chacun, où l’âme se penche vers son reflet et s’exclame : « Regardez, regardez cela. » Elle appelle ses amis.
« Regardez, regardez ! Vous voyez ? Cela bouge. Regardez. Cela bouge à nouveau. Avez-vous vu ? Vous devez l’avoir vu. Regardez ! Il a bougé à nouveau. Il l’a fait. »
Cela me rappelle une anecdote. Cela se passait sur le bateau Queen Mary, où nous avons pratiqué un certain nombre de méditations de transmission. Un jour nous étions à l’intérieur, au niveau du pont, dans une salle magnifique. C’était pendant un week-end et le public était autorisé à venir sur le bateau, transformé en hôtel flottant, à Palm Beach, en Californie. Nous étions tous assis près des hublots et les visiteurs allaient et venaient. Nous les entendions, mais nous poursuivions avec bonheur notre méditation lorsque soudain il y eut une famille juste derrière moi, et quelqu’un dit à haute voix : « Regardez. Ce sont des mannequins. Regardez. Regardez ! Vous savez, c’est comme les statues de cire chez Madame Tussaud. Ce sont des mannequins de cire. Regardez-les tous assis. » Nous avions du mal à contenir notre envie de rire. Quelqu’un d’autre dit alors : « Ce ne sont pas des mannequins ! Regardez. L’un d’eux a bougé. Celui-là. » – « Où ? Je ne l’ai pas vu bouger. » – « Regardez, il bouge encore. » Nous nous tenions de plus en plus raides, en essayant de ne pas rire. Ils finirent par s’en aller, pas très certains de ce qu’ils avaient vu.
Il en va ainsi pour l’âme lorsqu’elle regarde vers le bas, et constate un petit effort spirituel dans sa contrepartie. Une petite lumière émane de la matière inerte et l’âme guide alors sa contrepartie, son véhicule, vers une forme ou une autre de méditation. Grâce à la méditation, l’âme peut finalement amener la matière à devenir plus sensible.
C’est à ce stade qu’intervient un moyen de relier ou de fusionner l’âme avec sa contrepartie, et de permettre ainsi à l’homme, ou à la femme, de répondre à l’impact de l’âme. Ce moyen est l’initiation. Les initiations, au nombre de cinq, furent créées pour tirer avantage du niveau atteint par l’humanité avancée de l’époque et, de cette manière, le lien avec l’âme s’est approfondi. Le processus de fusion s’est développé et l’évolution de l’humanité a progressé.
C’est un processus artificiel qui accélère l’évolution. Sans l’initiation, il faudrait des millions d’années supplémentaires de tension, de lutte, d’agression et de guerre pour amener cette fusion, ce yoga, cette union de l’esprit et de la matière. Une fois qu’une personne est arrivée au début du processus d’initiation, qui couvre les dernières vies d’une longue évolution, tout s’accélère.
« Sa lutte pour la perfection consiste à résoudre l’opposition inhérente aux deux pôles indissociables de sa nature et à les conduire à une union complète. »
Telle est la chose nécessaire, amener à une union totale deux aspects en apparence totalement opposés : la véritable nature spirituelle, resplendissante de beauté et de bonté, de l’âme et l’inertie, la vibration bas-se, de la matière.
« Grâce à des incarnations répétées, le processus d’évolution atteint progressivement ce but, jusqu’à ce que la qualité et le rayonnement de la matière coïncident avec ceux de l’esprit. Le Plan s’est alors réalisé et un autre Fils de Dieu est retourné chez lui. »
Quand ceci est pleinement réalisé, la cinquième initiation est passée et le Maître est libéré de l’attraction de la matière. Il existe une totale fusion entre l’âme et son reflet, entre l’esprit, la monade de l’Etre, dont l’âme est elle-même le reflet, et la contre-partie sur le plan physique, l’homme ou la femme que l’on peut voir dans un miroir. Lorsque cette fusion est accomplie, le voyage sur Terre est terminé. Ce n’est qu’un marchepied vers une autre grande expansion de conscience, sur des niveaux cosmiques, mais en ce qui concerne cette planète la tâche est accomplie.
« Pendant très longtemps, la domination de la matière fait obstacle à l’expression de l’âme ; l’évolution se poursuit, mais lentement. Lorsqu’il a résolu le conflit entre les pôles opposés de sa nature, l’homme réalise que la dichotomie n’est qu’apparente, et les oppositions irréelles. »
Qu’est-ce qui permet à ces deux pôles opposés de se rejoindre ? C’est le secret du processus d’évolution. Le rayon qui contrôle l’évolution humaine est principalement le quatrième, le rayon de l’harmonie par le conflit. Le but de l’homme, le désir inné de tous, est essentiellement de créer l’harmonie, l’unité. Chacun, selon le Maître, aspire de manière innée à l’unité, à l’harmonie, à la perfection, qualités qui reflètent la bonté, la beauté et la vérité de l’âme.
Ceci s’accomplit de façon magique grâce au quatrième rayon qui apporte la force vitalisante, la friction qui conduit un homme, ou une femme, sur le sentier de l’évolution. Telle est la condition humaine. L’agression, la violence et la haine sont des points de tension et de conflit que nous devons affronter. Ensemble ils constituent la friction qui résulte de notre assujettissement au quatrième rayon d’harmonie par le conflit. Pour finir ce rayon produit l’harmonie. Le but de tous ceux qui sont gouvernés par le quatrième rayon est de réaliser l’harmonie, qu’ils en aient conscience ou non, qu’ils en soient capables ou non. Les individus de quatrième rayon sont souvent remplis de conflit car ils sont l’exemple même de la lutte qui conduit l’humanité vers l’avant. Sans conflit, il n’y a pas de mouvement.
Bien sûr, si nous pouvions manifester immédiatement sur le plan physique l’harmonie de l’âme : son amour, son intelligence, sa volonté de bien, sa beauté, sa vérité, le conflit ne serait pas nécessaire, mais malheureusement nous en sommes incapables, étant donné la différence des niveaux de vibration. Pendant de longs siècles, la matière de notre corps, physique, astral et mental, est inadéquate pour exprimer le taux vibratoire, et par conséquent la nature, de l’âme. Et nous ne voyons pas la bonté, la beauté, la vérité qui la caractérisent. Ces qualités ne peuvent s’exprimer.
Nous avons un instrument que nous devons ajuster de mieux en mieux, et nos efforts en ce sens créent le feu qui rend cet ajustement possible. Ceci, ajouté au sentiment de perfection, à l’aspiration, nous fait progresser et nous élève vers quelque chose que nous ne voyons pas encore, mais dont nous sentons la présence, quelque chose de plus élevé et de plus parfait, comme la terre ferme pour une créature marine. Pouvez-vous imaginer quelle étape fut franchie par cette créature ? C’est, aux yeux de l’âme, la même que celle d’un individu plongé dans les ténèbres du plan physique et qui ne connaît pas encore la nature de l’âme, ou qui ne se considère pas comme une âme. C’est une étape du même ordre pour la conscience.
« Sans ce conflit entre les opposés et la friction qui en résulte, les progrès de l’homme seraient vraiment lents. »
Le quatrième rayon de l’harmonie par le conflit conduit l’humanité vers l’avant. C’est le rayon qui essaie de traiter le problème des paires d’opposés. Sa manière d’y parvenir, lorsqu’il est manié correctement, consiste à trouver le sentier qui passe entreles deux. Pour une personne de quatrième rayon, c’est la manière idéale de résoudre le problème posé par ces deux aspects de son être. C’est bien sûr très difficile à réaliser et c’est la raison pour laquelle cela prend très longtemps. Mais le quatrième rayon est le rayon le plus puissant dont dispose l’humanité à cet égard. Il existe d’autres rayons, comme le cinquième qui domine l’évolution mentale, mais le quatrième est précisément le rayon qui nous aide à résoudre les paires d’opposés. Il le fait en évitant d’accorder une importance trop grande à l’un ou à l’autre des deux aspects.
Dans l’idéal, l’individu de quatrième rayon, confronté aux paires d’opposés, ne s’identifie ni avec l’esprit ni avec la matière. C’est ce qui donne au quatrième rayon d’une nature inférieure l’apparence d’être immoral, de ne pas s’embarrasser de certitudes éthiques. Il s’agit d’une attitude mutable, non engagée, dans lequel l’individu de quatrième rayon ne s’identifie pas avec la matière, mais pas tellement non plus avec l’esprit. Si nous ne nous identifions pas trop avec l’esprit ni avec la matière, nous pouvons marcher dans l’espace étroit qui se situe entre les deux. C’est la voie parfaite pour le développement de l’individu de quatrième rayon.
Quelque chose de ceci est valable pour l’humanité tout entière car, quels que soient les rayons de chacun, en ce qui concerne son évolution l’humanité est gouvernée par le quatrième rayon d’harmonie à travers le conflit. Le conflit est nécessaire au départ pour créer le feu qui nous conduit vers l’avant. Sans conflit, il n’y aurait pas de mouvement. Mais il vient un temps où l’individu évolué, quel que soit son rayon, doit réunir les deux aspects de sa nature. Nous sommes tous des âmes, et nous sommes engagés dans la matière. Comment résoudre le problème ? Je vous suggère d’employer la méthode du quatrième rayon et de marcher entre les paires d’opposés, ce qui signifie ne pas trop vous identifier avec l’un ou l’autre aspect. Cela signifie ne pas se montrer fanatique, en un mot, être détaché.
C’est l’essence même du détachement, et lui seul permet de faire ce voyage entre les paires d’opposés. C’est pourquoi Maitreya place le détachement au cœur de son enseignement. Et il n’est pas le seul : tout enseignement de nature spirituelle considère le détachement comme la meilleure méthode pour surmonter la dualité de notre nature – le fait d’être simultanément âme, esprit, et matière –, surmonter ce conflit et créer l’harmonie, en nous libérant de notre identification avec notre corps physique, nos émotions ou nos constructions mentales, que nous prenons pour le Soi. Et ainsi, dans cet état de détachement, accomplir un simple voyage entre les deux aspects opposés de notre nature.
Le détachement est la clé et l’aspiration la force motrice. Le conflit a été le feu nous poussant vers l’avant, mais l’aspiration est ce qui nous élève. Même un Maître aspire à un état supérieur. Quelle est l’aspiration d’un Maître ? Je ne puis vous le dire, mais un Maître lui-même aspire à quelque chose de plus élevé.
Même celui que nous appelons le Dieu de notre système solaire aspire à une forme plus élevée de système solaire. Le Dieu, l’Homme céleste qui est l’âme d’une planète, aspire à créer sur sa planète un monde correspondant à sa propre conception de la perfection. Il s’agit d’un processus créateur. Au fur et à mesure que nous contrôlons les élémentaux physiques, émotionnels et mentaux qui constituent la matière de nos différents corps, nous prenons peu à peu le contrôle sur ce processus d’évolution.
La clé est la radiation. Lorsque nous parvenons à un certain niveau, nous créons une radiation dans la matière. Cette radiation vient naturellement de l’âme. L’âme remplit sa fonction sur le plan physique, à travers notre corps physique, notre corps astral et notre corps mental, et ceux-ci commencent à rayonner. Ainsi l’âme spiritualise la matière. A chaque incarnation nous apportons dans nos corps un peu plus de matière de nature subatomique. Leur nature atomique se transforme progressivement en nature subatomique, qui est littéralement de la lumière. Nous répondons de plus en plus à la lumière de l’âme jusqu’à ce que celle-ci devienne prédominante dans notre vie en tant qu’individu. Nous ne nous identifions plus à la matière, nous maîtrisons sa nature.
A travers l’âme, les corps sont dotés de la qualité de radiation que l’initié apporte dans chaque vie, jusqu’à ce que, à travers les cinq initiations, la perfection soit atteinte : la matière du corps d’un Maître du cinquième degré est entièrement composée de lumière. Elle est arrivée à la perfection en ce qui concerne cette planète. Dieu dans un sens plus profond est alors connu, mais à travers l’aspiration, le Maître reçoit une indication, un aperçu de la voie qui se trouve au-delà, celle que l’on appelle la Voie de l’Evolution supérieure, dont nous-mêmes ne savons à peu près rien. Grâce à son aspiration, il a un aperçu de ce royaume éloigné, de cette expérience, de cet état, dans lequel il pourra fonctionner de manière encore plus lumineuse, plus puissante et plus créatrice qu’il n’a pu le faire à aucun moment, même en tant que Maître, sur cette planète.
Cette transformation atomique se produit tout d’abord à travers nos corps physiques, puis grâce à notre travail avec le règne animal, le règne végétal et le règne minéral. La substance de la planète dans chaque règne devient finalement une réflexion parfaite de l’Homme céleste, le Logos de notre planète, dont elle est le corps.
« Le conflit et la guerre, la violence et la haine, ne sont que des manifestations temporaires de l’incapacité de l’homme, dans son état actuel, à manifester sa véritable nature. »
La véritable nature de l’homme est une âme immortelle, l’expression parfaite du Logos de notre planète dont les qualités sont la bonté, la beauté et la vérité.
Quand ces qualités régneront sur l’ensemble de la planète, quand tous les règnes de la nature seront ainsi spiritualisés et de-venus parfaits, la tâche de l’Homme céleste sera accomplie, et il se dirigera vers un travail plus élevé sur une planète supérieure. Nous-mêmes poursuivrons une tâche plus élevée sur des planètes supérieures, éventuellement dans des systèmes solaires supérieurs, et cela continuera ainsi sans cesse jusqu’à l’infini. Mais je ne vais pas continuer à voguer vers l’infini. Je vais m’arrêter là.
Les paires d’opposés – Questions et réponses (2/2) – [sommaire]
Séminaire 2002
par Benjamin Creme,
Transcription des questions posées à Benjamin Creme à l’occasion de la rencontre des groupes de transmission qui s’est déroulée à San Francisco, aux Etats-Unis, en juillet 2002
Q. Est-il exact de dire que seuls le karma et le mirage nous empêchent de parvenir à la réalisation du Soi ?
R. Pour répondre brièvement à votre question, je dirai non. Mis à part le karma et le mirage, qu’est-ce qui nous empêche de parvenir à la réalisation du Soi ? Nous-mêmes. Le fait que nous soyons immergés dans la matière crée le karma. C’est aussi ce qui engendre le mirage, les conflits, et crée ainsi le feu qui génère l’énergie nécessaire à l’évolution. En même temps, tant que nous sommes plongés dans ce conflit, nous produisons du mirage et du karma négatif.
Cependant le Maître Djwhal Khul a déclaré (par l’intermédiaire d’Alice Bailey) qu’il est créé davantage de bon karma que de mauvais karma. Pouvez-vous imaginer cela ? Ce vieux monde pourri, avec ses systèmes politiques corrompus, crée moins de mauvais karma que de bon karma. Ce qui empêche la réalisation du Soi, c’est l’inertie du disciple – tout d’abord, l’inertie de la matière dont nos corps sont constitués. Ces corps sont créés par de minuscules vies déviques. Chaque atome est une petite vie qui poursuit sa propre évolution en faisant partie du corps d’un homme qui lui-même évolue. Cette vie dévique se prépare petit à petit à devenir finalement un être humain.
Tout dans la vie, dans l’ensemble du cosmos, est en voie de devenir humain, est humain ou a dépassé ce stade. L’homme se situe à mi-chemin, au point de rencontre de l’esprit et de la matière. Tel est le problème, le défi, l’extraordinaire expérience qui est la nôtre, fournir le point exact de rencontre entre l’esprit et la matière, rendant ainsi l’évolution possible. Les conditions, empreintes de conflits et de violence, que nous créons sont les mirages résultant de la différence de vibration entre notre réalité spirituelle et la matière dont sont constitués notre corps physique, notre corps astral et notre corps mental. Chacun de ces corps est composé de minuscules vies déviques ou angéliques. Les mirages sont surmontés lorsque nous commençons à contrôler l’activité de ces vies dont le but est orienté vers elles-mêmes. Tant qu’elles sont aux commandes, la matière reste la matière. Lorsque la maîtrise est exercée par l’énergie de l’âme, nous transformons progressivement la matière atomique, et nous prenons le contrôle du sentier de l’évolution. C’est la raison pour laquelle il est si important de saisir la non-dualité des paires d’opposés, en foulant le sentier qui passe entre les deux, non pas dans le but d’éviter l’un ou l’autre, mais par détachement.
C’est le sentier de l’initiation. Les corps sont peu à peu transformés par l’âme. La réalisation du Soi se rapproche lorsqu’on passe progressivement d’une initiation à la suivante. Chaque initiation apporte une fréquence plus élevée aux vies déviques composant la structure atomique de nos corps physique, astral et mental. Cette structure atomique est progressivement modifiée et l’activité des vies déviques se transforme. Elles cessent d’être aux commandes. Leurs pulsions nourrissent notre corps, mais l’énergie de l’âme commence à assurer le contrôle. La personnalité maîtrise davantage le corps physique, qui commence à répondre aux instructions du plan mental. Le corps astral, lui aussi, commence à devenir plus calme. En fait, le corps astral devrait être comme un lac tranquille et il le deviendra au fur et à mesure de l’évolution. Il cessera progressivement d’être balayé par les émotions. Il agira alors comme un miroir reflétant le niveau de conscience bouddhique. Le niveau bouddhique est le second niveau de la Triade spirituelle, laquelle fait intervenir la volonté, l’amour-sagesse et l’intelligence de l’âme. La conscience bouddhique, reflétée sur ce lac tranquille, est ce que nous expérimentons sous forme d’intuition.
Les minuscules vies déviques du plan astral sont plus ou moins bien contrôlées jusqu’au niveau d’initiation 1,5-1,6, où commence la polarisation mentale. Ensuite, elles s’imposent de moins en moins dans la vie de l’individu. Cela ne signifie pas pour autant que nous n’ayons plus d’émotions, mais elles sont de moins en moins capables de nous envahir et de nous submerger. Nous apprenons à nous détacher de leur impact sur le corps astral.
L’énergie de l’âme est tellement plus élevée que celle du corps astral, composé de matière, que nous prenons progressivement le contrôle du plan astral. Ce contrôle est cependant loin d’être total avant le niveau 2,5-2,6, où commence la polarisation spirituelle.
De notre point de vue, la vie dévique est la vie de la matière. Du point de vue des dévas, c’est une vie totalement consciente. Elle est similaire à celle des cellules de notre corps qui ont leur propre existence en de-hors de notre conscience mentale et agissent en accord avec notre ADN et la quantité de vitamines, de minéraux et de nourriture que nous leur donnons à absorber. Si nous leur apportons suffisamment d’énergie de l’âme, nous commençons à les contrôler.
Tout autant que le karma, c’est notre capacité à changer la qualité de vie de nos véhicules qui détermine le moment où nous atteindrons la réalisation du Soi. Ou bien c’est nous qui avons le contrôle, ou bien ce sont les dévas. Mais l’action du grand aimant que nous appelons la Vie, et qui guide vers l’avant l’ensemble de l’évolution, devient, tôt ou tard, trop forte pour que n’importe quel groupe ou individu puisse y résister, et nous sommes poussés vers l’avant, bon gré mal gré. Nous ne sommes peut-être pas encore parvenus au stade de la réalisation du Soi, mais nous y parviendrons un jour.
Ce n’est pas seulement le mirage ou le karma qui empêche la réalisation du Soi ; mais le poids du karma et la densité du mirage dépendront du degré de maîtrise que les individus possèdent ou ne possèdent pas sur leurs véhicules.
Q. Comment agit le karma ?
R. Le karma est la principale loi gouvernant la vie dans notre système solaire. En raison de cette loi, chaque pensée, chaque action, met en mouvement une ou plusieurs causes. Les effets découlant de ces causes font que nos vies sont ce qu’elles sont, en bien ou en mal. C’est une loi toute puissante et parfaitement juste.
La loi du karma cherche à parvenir à un point d’équilibre. C’est essentiellement cela le karma, la réalisation de l’équilibre. Si nous mettons en mouvement des causes dont les effets engendrent le conflit, la violence, la discorde, la peine, la souffrance et le mal, inévitablement pour créer l’équilibre, les causes doivent être résorbées. Elles le sont par nous-mêmes qui les avons créées. Nous en recevons les effets, le choc en retour. Et nous nous étonnons, nous disons : « J’ai eu une période très difficile, quelle année de malchance. » Tout cela est la résolution du karma passé. Cela peut ne pas être le passé immédiat, mais celui de vies antérieures.
Le Maître Djwhal Khul a également affirmé que personne ne reçoit davantage de karma négatif qu’il n’est capable d’en supporter. Tout le monde ne peut partager cette conception des choses, notamment les personnes qui décident de se suicider, parce qu’elles n’ont pas la force de faire face au karma de leurs actions, ou d’affronter la vie pour diverses raisons. Elles se disent : « Non, la vie est tout simplement impossible. Je ne peux continuer à vivre ainsi », oubliant qu’elles ignorent ce qui arrivera demain. Le suicide n’est jamais une sortie intelligente car nous ne savons pas ce qui nous attend. Nous n’imaginons pas que tout pourrait changer et que nous pourrions connaître au cours des vingt prochaines années un bonheur dépassant toutes nos attentes. De la résolution du karma que nous trouvons si lourd à porter aujourd’hui peut naître le bonheur, le bien-être, la facilité, le « bon karma », comme nous l’appelons, des années à venir. Le karma n’est pas l’accomplissement du commandement de Dieu, « œil pour œil, dent pour dent ». Cette vision très négative de la loi du karma appartient au passé. Dieu, ou celui que nous appelons Dieu – que ce soit le Dieu de cette planète, l’Homme céleste, ou le Dieu de notre système solaire, le Logos solaire – est essentiellement bon. Cette bonté imprègne chaque aspect du karma, même si nous le ressentons comme négatif et douloureux à l’extrême. Il tend à établir l’harmonie et l’équilibre – avant tout l’équilibre – un équilibre parfait entre les énergies et les causes qui les mettent en mouvement.
Q. Nos actions passées rendent-elles inévitables nos expériences futures ?
R. Nos expériences futures sont inévitables en ce sens qu’elles rétablissent l’équilibre si nous avons enfreint la loi d’innocuité.
Q. Peut-on éliminer du karma par le service et des changements de conscience ?
R. Oui. Le karma peut s’effacer si nous apprenons à vivre selon le Plan. Nous ne créons pas de mauvais karma si nous n’accomplissons pas de mauvaises actions. Si nous ne volons pas et si nous ne bombardons pas les pays pauvres et d’autres choses de ce genre, nous ne créons pas de karma négatif. D’où la nécessité de l’innocuité dans toutes nos actions, que ce soit au niveau individuel, national ou international.
Si, par exemple, nous savons que le Plan d’évolution exige que nous vivions en paix et en harmonie tous ensemble, en partageant les ressources de la planète qui sont destinées à tous, et si nous parvenons ainsi à faire régner partout l’harmonie, la justice et la liberté, nous pouvons être assurés que la vie de chacun progressera selon la loi. Nos vies seront bonnes, fructueuses, créatrices, et resplendissantes dans tous les sens du terme.
Lorsque nous engendrons le conflit, la violence, la haine, l’injustice et l’oppression, nous créons du karma négatif. Nous n’agissons plus selon le Plan de Dieu. Le Plan de Dieu est une réalité. En termes bibliques, c’est quelque chose de vague et de mystique, mais en termes ésotériques il s’agit d’une réalité concrète. L’ésotérisme est la plus concrète des sciences ou des philosophies. Grâce au service et aux changements de conscience qui s’ensuivent, nous brûlons du karma.
En changeant nous-mêmes, nous changeons la nature du karma que nous créons, et nous pouvons résoudre plus facilement le karma du passé.
Q. Vous avez dit que l’âme était parfaite à son propre niveau. Dans ce cas, pour quelle raison a-t-elle besoin de traverser le processus d’évolution ?
R. L’âme à son propre niveau est la réflexion parfaite de l’Homme céleste, le Dieu de notre planète. Elle n’a pas besoin d’une évolution plus élevée sur cette planète. C’est l’âme en incarnation qui a besoin de perfection. Elle vient en incarnation par sacrifice, c’est sa propre volonté de sacrifice qui la pousse à s’incarner pour mener à bien le Plan du Logos.
Q. Comment spiritualisons-nous la matière ?
R. Tout d’abord en spiritualisant la matière de nos propres corps. En tant que race humaine nous spiritualisons les règnes animal, végétal et minéral par la radiation de l’énergie de notre âme. Le secret de la transformation de l’inférieur en supérieur passe par la radiation. C’est la raison pour laquelle à l’extrémité du premier règne, le règne minéral, existe la matière radioactive. La radioactivité est la limite entre le règne minéral et le règne végétal. La radiation est le lien qui rend la végétation possible.
Lorsque le règne végétal évolue, il crée, par la radiation, un lien avec le règne animal. La radioactivité du règne végétal se situe dans le parfum et les couleurs des fleurs, par exemple. Toutes ces magnifiques couleurs et ces merveilleux parfums sont des radiations d’énergie. A l’extrémité du règne végétal certaines plantes mangent des insectes, et ainsi débouchent dans le règne animal.
Le règne animal évolue, et finalement forme un corps pour le règne suivant, le règne humain. Nous devons notre corps physique au règne animal, mais nous ne sommes pas des animaux. Nous sommes le règne suivant qui se développe par la radiation du mental.
Le mental est une faculté de radiation, et il rend possible l’évolution de l’humanité. En émettant de plus en plus de radiations, nous traversons le processus de l’initiation. A chaque initiation nous recevons une vibration d’énergie plus élevée, devenant ainsi plus magnétiques et attirant davantage de matière subatomique dans nos corps, qui se transforment progressivement pour devenir le corps de lumière d’un Maître. Lorsque nous passons la cinquième initiation, nous sommes un Maître, nos corps sont entièrement composés de lumière.
Nous avons toujours été cette lumière, nous y retournons, mais en pleine conscience. Tel est le travail de l’âme en tant que Divin intermédiaire entre le niveau spirituel et le niveau physique. L’âme rend possible la spiritualisation de la matière. Cette spiritualisation se poursuit à travers tous les règnes jusqu’à ce que la planète ait atteint la perfection voulue par le Plan qui réside dans le mental du Logos planétaire. A chaque initiation, une partie du Plan nous est dévoilée. Nous avons ainsi une vision plus profonde de ce Plan et du rôle que nous devons y jouer. C’est ce en quoi consiste réellement l’initiation. Elle stabilise le degré de radiation atteint et, par conséquent, la quantité de lumière qui se trouve dans les corps de l’initié à chaque initiation.
Q. Quelle est la différence entre l’aspiration et l’instinct chez les animaux ?
R. L’aspiration et l’instinct ne sont pas tout à fait identiques. Ils sont liés, naturellement. Les oiseaux en vol sont guidés par l’instinct et l’utilisation de certains facteurs comme la position du soleil, dont ils se souviennent par instinct. Les plus âgés éduquent les plus jeunes, ceux-ci suivent par instinct et deviennent finalement capables de survoler toute la planète. C’est cela l’instinct, mais ce n’est pas la même chose que l’aspiration. Les animaux évoluent grâce à leur instinct, qui se situe au-dessous du seuil de la conscience. Mais ce qui pousse un poisson à sortir de la mer et à devenir un mammifère, c’est l’aspiration, bien qu’à ce niveau elle fonctionne comme une sorte d’instinct. Le poisson aspire alors à une fonction plus élevée, à une plus grande mobilité. Voler est l’un des rêves de l’humanité car nous savons qu’en réalité nous sommes immatériels. Nous sommes enfermés dans un corps matériel, mais en essence nous n’avons pas de poids. C’est l’aspiration vers la légèreté, vers la qualité de la lumière elle-même, la qualité de la vie en dehors de la forme. C’est reconnaître que la véritable nature de la vie se trouve en dehors de la forme.
La forme rend la vie visible ; nous reconnaissons la vie par son impact sur nos propres vies à travers la forme. Mais chacun a rêvé d’une vie en dehors de la forme, une vie où la conscience existerait sans la forme. Il existe des vies colossales dans notre système solaire qui accomplissent des actes d’une valeur et d’une créativité extraordinaires et qui, cependant, sont dépourvues de toute forme. Nous-mêmes reconnaissons seulement ce qui possède une forme car notre vision est limitée.
Dans la première race, la race lémurienne, l’humanité dut développer le corps physique. Maintenant nous bougeons, nous agissons, nous courons sans y penser. Tous ces gestes se situent au-dessous du seuil de l’action consciente. Nous travaillons désormais sur le plan mental, nous formulons des idées, nous utilisons le raisonnement. Notre science s’est construite sur la compréhension des lois qui gouvernent ce niveau de pensée. Nous savons que nous sommes capables de réfléchir, de construire des ordinateurs, des navettes spatiales, et que, si nous faisons exactement ce qu’il faut, la navette spatiale tournera autour de la Lune ou autour de Mars, et pourra être ramenée sur la Terre. Nous connaissons nos capacités. Il s’agit d’utiliser le mental concret pour créer des outils, qui accompliront avec succès le travail nécessaire.
Il existe un niveau de conscience qui n’utilise ni le raisonnement ni le calcul, mais une qualité beaucoup plus abstraite, l’intuition, qui vient de l’âme. La prochaine race humaine ne pensera pas comme nous le faisons, elle utilisera l’intuition. Les personnes les plus avancées de la race actuelle utilisent déjà l’intuition dans une certaine mesure. Nous employons le terme « intuition » de manière très approximative. Nous la con-sidérons comme une fonction du mental, alors qu’elle vient du niveau de la conscience bouddhique, celle de l’âme.
L’intuition se réfléchit sur le plan astral, lorsqu’il est tranquille comme un lac. On sait sans savoir, sans même penser. On sait parce que l’on sait, tout simplement. Actuellement nous devons utiliser à la fois le mental rationnel et ce que l’on pourrait appeler un mental intuitif. Finalement, la pensée, le mental rationnel, l’ordinateur, descendra au-dessous du seuil de conscience, nous saisirons les choses immédiatement par intuition et connaîtrons la réponse sans avoir besoin d’y réfléchir.
Q. Nous avons constaté qu’en cas de conflit, il suffisait de prendre les choses avec détachement pour que les paires d’opposés se résorbent. Pourquoi le détachement est-il si difficile ?
R. Le détachement est difficile parce que nous sommes immergés dans la matière. Si l’âme s’exprimait totalement à travers la matière, le pôle opposé, nous n’aurions aucune difficulté à nous détacher. Ce serait automatique car l’âme est totalement détachée. Elle est remplie de l’amour de Dieu. Elle vient en incarnation pour mener à bien le Plan de l’évolution. Mais elle n’est attachée à rien. L’âme n’a pas la notion du temps. Elle n’est pas pressée, elle ne nous bouscule pas.
Il existe cependant différents moyens pour l’âme de nous pousser et elle le fait parfois. Elle peut par exemple donner à son véhicule une vie de sévère inhibition, que ce soit dans le domaine physique, émotionnel ou mental, ou les trois. Pourquoi le fait-elle ? En mettant à part le fait d’accidents qui se produisent parfois au moment de la naissance, l’âme peut agir ainsi lorsque la personne, au cours de plusieurs vies successives, n’a progressé que très peu, ou même pas du tout. L’âme inhibe alors tout progrès jusqu’à ce que la personne ait brûlé son karma. Elle peut ensuite revenir dans une vie où elle avance de manière considérable. Une vie extrêmement limitée sur le plan physique, en raison d’une maladie ou d’un dysfonctionnement, peut être le prélude à une grande avancée.
Pourquoi est-ce si difficile d’être détaché ? C’est difficile, un point c’est tout. Si c’était facile, tout le monde y parviendrait. Ce n’est pas facile parce que les gens sont attachés – tout le monde l’est. Nous sommes attachés à notre corps physique parce que nous pouvons le voir : nous nous identifions à lui, nous voulons le préserver. L’instinct d’auto-préservation est très fort. La préservation du corps physique est le principal instinct, c’est pourquoi nous restons sur le trottoir lorsqu’une voiture ou un bus arrive. Il est nécessaire que cet instinct d’auto-préservation soit très fort, sinon la vie n’existerait pas.
Nous prenons également nos émotions très au sérieux. Nous les considérons comme réelles, mais il n’en est rien. Chacune de nos émotions est le résultat d’un mirage, de notre imagination. C’est comme un rêve. Lorsque nous dormons nous passons beaucoup de temps à rêver. A notre réveil, nous disons : « C’était terrible. Dieu merci, ce n’était qu’un rêve. » Nous avons créé ce rêve nous-mêmes. C’est quelque chose de purement symbolique, lié à certaines peurs ou certaines situations de notre vie de tous les jours. Le même rêve peut parfois revenir sans cesse, même toute notre vie durant. Il ne s’agit que de la répétition symbolique de quelque chose qui nous trouble, peut-être depuis l’enfance et que nous n’avons pas été capables de surmonter en grandissant, quelque chose que notre mère, ou notre père, a fait ou n’a pas fait, quelque traumatisme. Ou bien les rêves peuvent résulter d’événements quotidiens qui nous ont déplu, ou ont suscité notre colère ou notre tristesse, ou encore un sentiment d’apitoiement sur nous-mêmes.
Toutes ces émotions sont irréelles. Lorsqu’elles pénètrent dans nos rêves, ceux-ci sont aussi irréels que s’il s’agissait des émotions elles-mêmes. Le mental humain a la faculté de créer des formes-pensées qui peuvent apparaître sous forme de rêve. Ce n’est qu’au cours du sommeil profond que le mental inférieur est vraiment au repos, sinon il reste toujours plus ou moins actif. Plus nous nous approchons du réveil, plus il devient actif et c’est juste avant de nous éveiller que nous faisons les rêves les plus intenses.
Les gens prennent leurs rêves et leurs émotions au sérieux. Ils pensent qu’ils sont nécessaires. Mais aucune de nos émotions n’est nécessaire. Le sentiment qui vient du cœur est quelque chose de tout à fait différent des émotions qui viennent du corps astral ou émotionnel. Les émotions sont à l’origine du mirage qui pèse si lourdement sur l’humanité. Mais il n’est pas nécessaire d’être attaché. Nous pouvons nous détacher. Tel est le but de l’évolution.
Dès que l’on parvient au niveau 1,5 ou 1,6, on commence à trouver que ce qui semblait impossible lorsqu’on était au niveau 1,2 ou 1,3 devient plus facile. Nous ressentons toujours les émotions, mais elles ne nous submergent plus autant, ni aussi souvent. Elles restent présentes, mais elles perdent de leur intensité et nous découvrons que nous pouvons nous en détacher très facilement. En posant simplement la question : « A qui arrive cette émotion ? A moi. Qui suis-je ? » Dès que nous posons la question : « Qui suis-je ? », nous déplaçons le point d’identification et nous créons un espace entre nous-mêmes et l’émotion. Si nous agissons ainsi à chaque fois que quelque chose fait monter une émotion en nous, nous constaterons que nous sommes capables de prendre une certaine distance. Les émotions n’auront plus d’effet sur nous, ou seulement pendant quelques minutes. Elles ne dirigeront plus nos vies.
Le plan astral est le siège de la conscience des personnes polarisées sur ce plan. Si elles sont dotées d’imagination astrale, les problèmes augmentent. Il suffit pour le constater de voir les livres qui ornent les étagères des librairies ésotériques, tout le non-sens astral qui passe pour de la sagesse aux yeux de milliers de personnes.
Ce qui a de la valeur, c’est ce qui est réel, et on ne peut l’atteindre que lorsqu’on est détaché. Si nous regardons quelque chose de manière détachée, nous en avons une expérience totalement différente. Lorsque nous y sommes attachés nous le voyons de manière entièrement subjective, nous sélectionnons ce qui nous intéresse. Nous voulons nous faire plaisir et nous prenons ce qui nous plaît, ce qui nous donne une meilleure opinion de nous-mêmes.
Si nous regardions les choses avec détachement, nous réaliserions peut-être que tout cela n’a rien à voir avec nous, n’a aucune valeur pour nous. Ce n’est pas nécessairement irréel mais cela n’a pas de valeur pour nous. Ce que nous devons apprendre à faire, c’est travailler de manière plus objective, en étant davantage en relation avec le Plan d’évolution qui dirige l’ensemble. Nous jouissons du libre arbitre, mais il nous faut adapter notre libre arbitre à la volonté de Dieu. On croirait entendre parler un homme d’église ! Quand je parle de Dieu, je ne veux pas dire un vieil homme avec une barbe. Je veux dire les lois qui émanent de la nature même de Dieu, l’Homme céleste, les lois qu’il a mises en mouvement et qui ont créé notre planète. Si nous considérons objectivement sa ligne d’action, c’est-à-dire son Plan, sa conscience de ce qui est permis ou possible, et si nous essayons de l’accomplir parce que nous nous sentons équipés pour cela, alors il ne s’agit plus du tout d’une vision subjective des choses.
Q. Vous avez déclaré que la rééducation de l’humanité était particulièrement importante. Comment transmettre l’enseignement concernant les paires d’opposés et le détachement ?
R. Vous pouvez expliquer que l’humanité est un règne spirituel, que l’essence même de la vie est spirituelle et que nous sommes des âmes en incarnation. L’âme s’incarne dans la matière qui, au niveau actuel de notre existence, nous apparaît comme le pôle opposé de l’esprit. C’est exact, mais seulement dans un sens relatif.
Il existe une gradation dans la matière, suivant la quantité de particules de nature atomique ou subatomique qu’elle détient. L’aspect esprit est réel à son niveau, et en se manifestant sur le plan physique il change la qualité de la matière. La matière est l’aspect le plus bas de l’esprit, et l’esprit l’aspect le plus élevé de la matière. Lorsque l’aspect matière est spiritualisé, il remonte progressivement à travers les différents plans et au cours de ce processus il devient de plus en plus parfait.
Cette spiritualisation de la matière est le rôle de l’humanité au sein de l’évolution. En tant qu’âmes, nous sommes descendus, nous nous sommes immergés dans la matière. L’âme crée des corps de matière, physique, astrale et mentale, et une personnalité qui les synthétise. Cette personnalité est, en quelque sorte, la somme de toutes les personnalités qui ont servi de véhicule à l’âme au cours d’innombrables siècles.
L’humanité dans son ensemble est en train d’atteindre un niveau où, à grande échelle, la personnalité devient la véritable expression de l’âme. L’intégration de la personnalité se poursuit rapidement et elle peut faire un meilleur usage de l’énergie et des véhicules de l’âme, créant ainsi des véhicules mieux adaptés, plus aptes à transmettre l’énergie spirituelle, capables de rayonner davantage et d’accéder à davantage de connaissances. Il s’agit de parvenir à la fois à atteindre certaines qualités et à les exprimer, en forgeant un instrument adapté à ce but.
Q. Pourriez-vous expliquer la différence entre le concept de solution et celui de résolution dans la manière de traiter le conflit entre les paires d’opposés ?
R. Il ne s’agit pas de solution, mais de résolution. Nous résolvons la dichotomie apparente entre l’esprit et la matière dès que nous cessons de les voir comme une dualité, celle-ci n’existant que dans un sens relatif. Il y a, d’un côté, la monade et sa réalité spirituelle et de l’autre, le plan physique et sa réalité matérielle. Du point de vue de la monade, le plan physique n’est pas une réalité. C’est une ombre, comme sur un écran de cinéma. Nous voyons ce qui ressemble à des gens, mais nous savons que ce ne sont pas des personnes réelles. Il existe un écran et nous voyons un spectacle d’ombres projeté sur cet écran. Nous voyons par exemple des vallées, des montagnes et des cow-boys qui se tirent dessus. Cela semble réel mais cela ne l’est pas. C’est ainsi que l’âme voit le plan physique.
Ce plan n’a pas de réalité pour l’âme, si ce n’est de manière relative. Tout le monde est là, ainsi que les arbres et les maisons, mais dans la vision de l’âme tout cela ne fait qu’un, comme un spectacle d’ombres mouvantes. C’est comme un jeu, cela n’a rien de sérieux. Si sérieux que cela puisse être pour nous, si nous avions la vision de l’âme, les différentes péripéties nous feraient sourire tant elles sont fantaisistes. C’est un phénomène de lumière sans consistance et sans importance. Au fur et à mesure que l’on s’élève, il existe de moins en moins de forme, de moins en moins de substance, mais de plus en plus de réalité et de sens. Ici nous avons une forme dense et peu de substance intérieure. Vu des plans supérieurs, cette forme paraît dépourvue de consistance et irréelle, mais ici elle est tout à fait solide et bien réelle. Les choses que nous voyons, que nous touchons et que nous utilisons, depuis les locomotives jusqu’aux tanks, sont des objets réels, grands et lourds. Mais du point de vue de l’âme tout cela est comme un jeu, un jeu d’enfants relativement dépourvu de conséquence.
Ce qui est important du point de vue de l’âme c’est la réalité du Plan. L’âme, sans hâte, sans tensions ni stress, s’efforce de mener à bien le Plan. Elle voit et connaît ce Plan et est responsable des actes accomplis par son véhicule pour le réaliser. Nous jouissons du libre arbitre et souvent nous ne répondons pas. Nous gaspillons de nombreuses vies, ce qui est dommage.
Pour en revenir à la question posée, et élucider la différence entre le concept de solution et celui de résolution, il n’existe pas de solution. Il y a une résolution. Il s’agit d’amener tous les conflits à un état d’équilibre. La nature crée l’équilibre et à chaque fois que celui-ci est rompu, elle doit faire quelque chose pour le rétablir. Il peut s’agir d’une tempête ou d’un typhon, mais celui-ci apporte non pas une solution, mais une résolution du déséquilibre. C’est un processus créateur, instable en un certain sens, mais éternel. Cependant les choses changent continuellement au fur et à mesure que la vie est capable de créer un meilleur véhicule pour s’exprimer. Cela concerne la vie elle-même et le véhicule à travers lequel elle s’exprime. L’évolution procède par la création de véhicules plus aptes à exprimer la vie. Il s’agit de créativité. Le Plan dans son essence même est créateur.
Q. Est-il approprié d’essayer de parvenir au détachement par l’invocation ou la prière ?
R. Vous pouvez essayer ! « Je suis trop paresseux aujourd’hui. Je suis si fatigué ! Dieu, je t’en prie. Apporte-moi le détachement. Avant tout, je t’en prie, détache-moi de cette paresse ! »
Q. Le conflit est généralement considéré comme mauvais, mais c’est en fait un signe de vitalité s’il est susceptible d’allumer l’étincelle nécessaire à la communication ou au dialogue qui conduiront au changement. Le conflit est un processus qui peut conduire à l’harmonie. Mais le conflit militaire – le manque de dialogue – ne peut réussir. Dans la guerre moderne, tout le monde est perdant.
R. C’est tout à fait vrai. Le conflit est généralement considéré comme mauvais, mais c’est parce que les gens en ont une vision trop étroite. Le conflit est en réalité le champ de bataille de notre vie. La guerre n’est pas nécessaire. Nous n’avons pas à faire disparaître notre ennemi. Nous n’avons même pas besoin d’ennemi pour être en conflit. Le simple fait d’être une âme en incarnation apporte suffisamment de conflit pour allumer le feu qui nous guide sur le chemin de l’évolution.
Si nous portons en nous-même l’aspiration qui nous pousse à nous élever et à rechercher une meilleure qualité de vie, le conflit n’a pas à signifier la guerre. Bien sûr, en ce qui concerne l’humanité, c’est souvent le cas. C’est encore chose facile que d’entrer en guerre pour de mauvaises raisons. Naturellement si nous sommes envahis par un autre pays, la guerre est presque inévitable. Nous devons repousser l’envahisseur. Nous mobilisons nos soldats en espérant qu’ils seront vainqueurs et que l’envahisseur retournera chez lui.
L’ennui ici, aux Etats-Unis, c’est que vous avez un immense pays, et que les Twin Towers ont été détruites. Environ 3 000 personnes ont perdu la vie dans des circonstances particulièrement dramatiques, ce qui est une véritable tragédie, mais vous réagissez comme si tout le pays avait été envahi par une autre nation. Il vous faut faire la guerre contre l’envahisseur que vous appelez terrorisme, contre l’Afghanistan, l’Irak et d’autres pays peut-être ? Vous considérez le terrorisme comme un envahisseur. Vous devez retrouver le sens des proportions. Le terrorisme est un phénomène mondial. Et vous devez reconnaître la cause de ce terrorisme.
Pour ceux qui vivent en Grande-Bretagne, en Espagne ou d’autres pays, où il y a eu régulièrement des attentats à la bombe pendant des années, la vie n’est pas drôle tous les jours, et il y a des morts. Les attentats à la bombe perpétrés par l’IRA (qui est illégale en Irlande du Nord) ont duré pendant des années dans des villes comme Belfast, qui a été dévastée par les terroristes. Londres, Manchester et Birmingham ont également subi ce genre d’attentats, mais nous avons dû continuer à vivre, tout en essayant de faire la paix avec ceux qui les perpétraient, ce qui, heureusement, semble finalement s’avérer possible.
Les Britanniques n’ont pas bombardé l’Irlande parce que l’Armée républicaine irlandaise posait des bombes en Grande-Bretagne, et ils n’ont pas non plus bombardé les Etats-Unis en invoquant le fait que la plupart des fonds de l’IRA venaient, et viennent toujours, des Américains d’origine irlandaise. Si la logique de votre gouvernement est que quiconque « protège » le terrorisme est susceptible d’être bombardé, il y a longtemps que la Grande-Bretagne aurait dû bombarder l’Irlande et les Etats-Unis.
Ce que j’essaie d’expliquer c’est que le conflit n’a pas besoin de se manifester sous la forme d’une guerre. Nous avons tendance à envisager le conflit en termes de guerre. Il est certain que le Maître parle de violence et de haine, et la violence et la haine sont du conflit. Le trafic de drogue, la criminalité, tout cela est de la violence et crée de la haine, divise la société. Il y a d’un côté les riches et de l’autre les pauvres, « les riches faisant étalage de leurs richesses devant les pauvres », comme le dit Maitreya. Tout cela est source de conflit. C’est une chose dont ce pays (les Etats-Unis) n’a jamais pris conscience.
La domination de la société mondiale par les investissements et la globalisation est source de conflit. Point n’est besoin d’un attentat terroriste comme celui du 11 septembre pour s’en rendre compte. Cette domination est source de peine et de souffrance pour un groupe qui se trouve sous l’emprise d’un autre. Nous devons considérer le conflit dans un sens très large, pas seulement en termes de guerre. Tout ce qui produit de la disharmonie, de la discorde et de la haine, tout ce qui se situe à l’opposé de la bonne volonté, est conflit.
Tous ces événements, étant donné que nous sommes des âmes plongées dans la matière, produisent le feu qui nous fait avancer sur le chemin de l’évolution. Si nous pouvions dès le début demeurer détachés, nous progresserions sans conflit et en créant l’harmonie autour de nous. Le conflit n’est pas une nécessité. L’harmonie à travers le conflit est le résultat du quatrième rayon, mais l’harmonie est théoriquement possible sans le conflit. Bien sûr, cela n’arrive pas, car peu nombreux sont ceux qui sont déjà parvenus au stade où ils ne sont pas affectés par la disharmonie.
Q. Le quatrième rayon augmentera en intensité au cours des prochaines décennies. On peut supposer que cette stimulation nouvelle créera un point de tension plus élevé au sein de l’humanité dans son ensemble et pour chaque individu particulier. Cette opportunité favorisera-t-elle l’initiation, et quelle sera son action sur l’humanité en matière de conflits ?
R. Il est vrai que dans quelques décennies le quatrième rayon viendra en incarnation comme c’est le cas actuellement pour le septième rayon. Ces deux rayons agiront ensemble.
Dans la méditation de transmission, après que les énergies cosmiques 1, 2, 3 aient été libérées, les énergies des rayons entrent à leur tour. Les rayons 4 et 7 sont toujours les premiers à être introduits et ils le sont ensemble. Le quatrième rayon produit l’harmonie, en harmonisant tous les rayons. Le septième rayon est utilisé pour les ancrer sur le plan physique. Le septième rayon est le plus pratique de tous les rayons en ce sens qu’il relie l’idéal spirituel au plan physique. L’action rituelle du septième rayon crée, par la répétition, une énergie qui ancre l’idée. Le sixième rayon détient l’idéal, et n’a aucune difficulté à le visualiser, mais il éprouve de grandes difficultés à le rendre manifeste car il ne recherche pas la réalisation, la vision lui suffit.
Le septième rayon s’empare de la vision et l’ancre, il la fait descendre sur le plan physique. Grâce à son sens de l’action et de l’organisation, il en fait quelque chose de tangible. Le septième rayon sait comment construire des institutions, des formes, à travers lesquelles l’idéal peut se manifester. Les deux rayons réunis, le 4 et le 7, non seulement donnent les formes d’art les plus élevées, selon les Maîtres, mais ils alignent la radiation que nous appelons beauté avec celle que nous appelons rituel. Ces deux formes de radiation seront introduites ensemble et elles seront à l’origine d’un extraordinaire éveil de l’humanité.
Non seulement les gens deviendront plus créatifs dans le domaine de l’art proprement dit, mais cela ira au-delà. L’art de vivre deviendra extrêmement important pour l’humanité, qui fera preuve de plus en plus de créativité. Cela ne veut pas dire que de nombreux modes de vie différents soient nécessaires, mais cultiver l’art de vivre, c’est apprendre à vivre ensemble en paix, en sécurité et en harmonie, en agissant de concert, selon la Loi, la loi du rayon et la loi du Logos.
Q. Comment l’afflux de la force de Shamballa au cours des trois dernières décennies a-t-elle contribué à augmenter le niveau de conflit au sein de l’humanité ? Et en quoi son influence diffère-t-elle de celle du quatrième rayon ?
R. Le niveau du conflit et de la disharmonie est accentué par l’afflux de la force de Shamballa, mais ceci est largement compensé par les bénéfices qu’elle a également apportés, car le premier rayon est celui de la Volonté et du Dessein. C’est le Dessein du Logos qui est en train de se mettre en place. La force de Shamballa incarne ce Dessein, et la Volonté donne naissance au but souhaité. L’harmonie, l’amour et la bonne volonté se manifestent grâce à l’action de la force de Shamballa. Dans son impact initial sur les plus basses couches de la société elle peut avoir ce que nous appelons un effet négatif. Elle stimule dans une certaine mesure la violence, mais ceci est temporaire et contrebalancé par son action bénéfique. Si ce n’était pas le cas, cette énergie de Shamballa ne serait pas libérée.
L’afflux de n’importe quelle énergie supérieure a une double action. Une action qui, tôt ou tard, est bénéfique, et une autre qui dans l’immédiat, à court terme, est préjudiciable pour certains, mais qui est rapidement compensée par les bénéfices apportés à grande échelle aux autres membres de la société.
On pourrait dire la même chose de l’énergie d’amour. L’énergie d’amour est absolument neutre. Elle n’est ni « bonne » ni « mauvaise ». Nous pensons que l’amour est forcément une bonne chose. Il est neutre. C’est « l’épée de clivage » qui est délibérément utilisée par le Christ pour stimuler tous les êtres. Elle stimule le bon et le mauvais. Elle stimule l’égoïsme et l’avidité de certains et en même temps l’altruisme des autres.
Elle trace une ligne au milieu, de manière à ce que l’humanité puisse voir où elle doit se tenir. Elle ne laisse pas de zones floues, elle indique simplement où se trouve le bien et où se trouve le mal, où se situe l’avidité et, au contraire, le véritable altruisme émanant de l’âme.
Il y a des gens qui se croient sans égoïsme et favorables au bien de toute l’humanité. Mais leur vie repose sur l’égoïsme et l’avidité. L’épée de clivage tranche au travers de cette hypocrisie et montre les gens sous leur véritable jour. Nous pouvons ainsi voir clairement que si nous choisissons une certaine voie, elle nous conduira au désastre, alors que si nous choisissons l’autre, un monde nouveau sera créé. C’est cette dernière voie que l’humanité doit choisir, et prions qu’elle le fasse.
Q. Les paires d’opposés existent pour que nous puissions reconnaître la voie entre les deux.
R. Et voilà. C’est la raison pour laquelle nous sommes là depuis le début ! Dieu a dit : « Ces gens vers 2002 sont dégourdis, mais pas encore tout à fait assez. Ils doivent reconnaître la voie entre les paires d’opposés. Aussi que vais-je faire ? Je sais. Je vais créer des paires d’opposés. Nous aurons l’esprit et nous aurons la matière. Nous les mettrons ensemble et ils devront trouver leur chemin entre les deux. » C’est cela. Les paires d’opposés sont là pour que nous puissions trouver notre chemin entre elles. C’est une façon mystique d’exprimer les choses.
Q. Dans ses priorités, Maitreya conseille de suivre la voie du milieu entre les paires d’opposés. N’a-t-il pas dit, par exemple, que ce qu’il faut c’est prendre le meilleur du capitalisme et le meilleur du communisme et en faire la synthèse dans un système combiné.
R. Ce n’est pas exactement ce qu’il a déclaré, mais je sais ce que vous voulez dire. Il a dit qu’une charrette était déséquilibrée si elle ne possédait qu’une seule roue. Nous avons besoin de deux roues : une roue que nous pouvons appeler capitalisme et l’autre que nous pouvons appeler socialisme. Sans les deux roues, cela ne marchera pas.
J’ai demandé à mon Maître quel équilibre devrait être adopté entre ces deux forces pour construire la meilleure forme possible de démocratie sociale ou de socialisme démocratique, Maitreya ayant annoncé que cette méthode de gouvernement serait adoptée dans le monde entier, comme elle l’est déjà, dans une large mesure, dans la plupart des Etats européens. Je lui ai demandé quelles étaient les meilleures proportions, et il m’a répondu : « Eh bien, qu’en penses-tu ? » J’ai répondu : « Disons trente pour cent de capitalisme et soixante dix pour cent de socialisme. » Il m’a dit : « C’est exactement cela. C’est la meilleure proportion. » Soixante-dix pour cent de socialisme, ce qui donnerait le moyen de traiter tout ce qui concerne les institutions d’une importance majeure sur le plan social, comme le transport, l’énergie, l’eau, etc. Et la glace sur le gâteau, en gros les produits de luxe, seraient les trente pour cent laissés à l’entreprise privée.
Q. Pouvez-vous expliquer ce qu’est le Gardien du Seuil et en quoi il diffère de l’expérience ordinaire du karma et du conflit ?
R. Le Gardien du Seuil est l’accumulation faite par chaque individu, d’une vie à l’autre, dans le long périple des incarnations, de ses fautes, de ses mauvaises actions. Toutes celles-ci se cristallisent dans une personnalité. C’est l’aspect inférieur que la personne doit être capable de résorber – la dichotomie entre l’âme et ses qualités de beauté, de vérité et d’amour, et le Gardien du Seuil dont nous prenons conscience et qui nous apparaît comme le mal dont nous avons hérité, les défaillances, la propension à accomplir des fautes et des erreurs, qui caractérise la vie humaine.
Le Gardien du Seuil est ce qui crée le mirage dans notre vie. Il nous empêche de percevoir la vérité, la réalité. Il maintient l’humanité captive et il continuera longtemps encore. C’est ce mirage qui est surmonté dans une certaine mesure au moment de la deuxième initiation.
Entre 1,5-1,6 et 2, nous rencontrons le Gardien du Seuil à maintes et maintes reprises. Chaque incarnation nous ramène au même endroit, où nous sommes captifs de nos rêves, de nos méprises, des visions que nous prenons pour la réalité. Tout cela doit être surmonté. Nous devons apprendre à voir à travers, à voir les choses comme elles sont, simplement comme elles sont. Elles sont toujours très différentes de ce que l’on imagine.
Même nos propres qualités le sont. Ce que nous considérons comme nos plus grandes qualités sont souvent nos pires défauts. Ce dont nous nous croyons capables est un phénomène issu de notre imagination astrale, un phantasme, que pourtant nous prenons pour la vérité.
Tant que nous n’avons pas traversé cette phase et passé la deuxième initiation, ces mirages constituent de puissants freins à notre progrès. Il s’agit de formes-pensées puissantes. Le Gardien du Seuil est une réalité, la somme de toutes nos expériences en tant que personnalité, la cause de notre karma, et il nous retient en arrière. Tant que nous ne sommes pas capables de voir à travers tout cela et de nous détacher de nos rêves, de nos valeurs, de la perception que nous avons de nous-mêmes, de nos ambitions, de nos espérances, tant que nous n’en sommes pas libérés, nous restons prisonniers du mirage.
Lorsque nous passons la troisième initiation, nous sommes capables de contrôler l’élément astral et, dans une certaine mesure, l’élément mental également. A la troisième initiation, qui intègre les véhicules des trois corps, ceux-ci vibrent à la même fréquence. L’âme peut alors réellement prendre en main la vie de l’individu.
Du point de vue des Maîtres, la troisième initiation est en réalité la première car elle est la première véritable initiation de l’âme. Nous pouvons alors entreprendre les tâches qui nous mèneront à la quatrième et à la cinquième initiation, qui peuvent prendre encore environ deux vies. Les choses vont généralement plus vite à partir de la troisième initiation, car l’âme peut agir puissamment à travers l’individu. C’est le rayonnement de l’âme qui crée le magnétisme de tel ou tel individu parvenu à ce stade, et qui nous permet de le reconnaître.
Q. Comment peut-on savoir que l’on a affaire au Gardien du Seuil et non pas à quelque chose d’autre, par exemple une expérience ordinaire ?
R. Vous ne pouvez le savoir. Cela se passe en dehors de la conscience. Vous avez affaire ou non au Gardien du Seuil. Vous n’y accordez pas la moindre pensée. Vous devenez simplement de plus en plus détaché. Vous n’y pensez jamais car vous êtes détaché.
Q. Cette expérience n’a par conséquent rien d’extraordinaire ?
R. Elle est si progressive et, en un sens, si logique. Si vous détachez votre attention de quelque chose, cela cesse de vous irriter. Si vous êtes toujours en train de penser au Gardien du Seuil : « Oh, mon Dieu, ce Gardien du Seuil », si vous rentrez chez vous et montez les escaliers en disant : « Oh, mon Dieu, ce Gardien du Seuil se tient encore derrière la porte », détournez votre esprit de cette idée, accordez-vous une chance. Apprenez à vous détacher et les choses se feront d’elles-mêmes.
Q. Est-il exact de dire que la Bhagavad Gita est une représentation symbolique du conflit auquel l’âme est confrontée dans la matière ?
R. Pour répondre brièvement, je dirai oui. La Bhagavad Gita est en fait une dissertation faite par différents êtres sur le sentier de l’évolution et elle concerne principalement le plan astral ou émotionnel. Elle a trait à la nature du mirage et à la manière de le surmonter. Tout Shakespeare traite également du mirage et de la manière de le vaincre.
Q. Un individu moyen comme nous peut-il accéder parfois au mental supérieur ?
R. Un individu moyen pourrait accéder au mental supérieur dans certaines circonstances particulières, par exemple en méditation ou dans un état de grande exaltation, résultant d’une bénédiction qui a pu être donnée. C’est possible, mais pas en règle générale, car nous devons encore comprendre et fonctionner à travers notre propre véhicule mental. Nous pourrions être ouverts à la stimulation d’une bénédiction émanant d’un esprit supérieur qui nous offrirait une vision de la vie du point de vue de l’âme. C’est tout à fait possible.
Q. L’accès au mental supérieur est-il une approche raisonnable pour résoudre le problème des paires d’opposés ?
R. Cela n’a rien à voir avec les paires d’opposés. Le mental supérieur est le véhicule de l’âme. Ce qui a trait aux paires d’opposés ne peut être vu qu’une fois que l’âme s’est incarnée, car les paires d’opposés existent seulement pour une âme en incarnation. C’est l’âme amenée à fusionner avec la matière qui crée les paires d’opposés.
En admettant qu’une personne soit suffisamment intelligente, et capable de méditer et de voir le monde comme l’âme le voit, cette expérience, si elle était assez forte ou assez fréquente, pourrait l’aider à résoudre les paires d’opposés. Mais à la fin du processus elle ne les verrait plus. Les paires d’opposés sont tout simplement une illusion. Cependant il nous faut traverser cette illusion avant de savoir que cela en était une. Si nous pouvions voir les opposés comme l’âme les voit, nous les verrions comme une illusion. La question de savoir si cela nous aiderait ou non dépend de chaque individu.
Q. Pourriez-vous commenter la relation qui existe entre le désir et l’aspiration, et la satisfaction de soi et l’aspiration ? Qu’est-ce qui se passe dans ce dernier cas ? Y a-t-il un manque de friction avec les gens qui sont satisfaits d’eux-mêmes ?
R. L’aspiration est du désir, mais le désir est orienté vers l’ego alors que l’aspiration ne l’est pas. Elle est orientée vers un nouvel état, un état meilleur, un état de libération, quelque chose qui dépasse le présent. Elle n’est pas orientée vers l’ego comme lorsque quelqu’un déclare : « Je souhaite être meilleur dans tel ou tel domaine. » Cela, c’est du désir. L’aspiration est un désir abstrait pour un meilleur état d’être, qui n’a rien à voir avec l’individu en particulier. L’individu ordinaire éprouve du désir, mais l’individu détaché éprouve de l’aspiration. L’aspiration est l’essence même de la spiritualité de l’individu détaché.
Q. Il y a pourtant un but recherché ?
R. Le sixième rayon, qui est celui de l’idéalisme, domine la vie américaine. Les Etats-Unis vivent dans le véhicule de la personnalité. Telle est la réalité d’aujourd’hui. Le principe du désir est extrêmement puissant lorsqu’il s’exprime à travers le peuple américain : le désir de richesse, d’argent, le désir de tout contrôler, d’être le meilleur, le plus grand, de gagner. Tous ces désirs émanent de la personnalité.
L’aspiration de l’âme des Etats-Unis, qui est une âme de deuxième rayon, est tout à fait différente : elle est de servir le monde, d’aider, d’améliorer la vie des hommes. Cette aspiration n’a guère la possibilité de se faire entendre car la personnalité est si puissante, si envahissante, que l’aspect de l’âme s’exprime seulement de temps en temps, comme elle l’a fait par exemple avec le Plan Marshall, l’aide économique américaine pour la reconstruction de l’Europe après la Seconde Guerre mondiale.
Le monde, comme l’a déclaré le Maître Djwhal Khul, attend que l’âme des Etats-Unis se manifeste. Lorsqu’elle le fera, elle adoptera les idées du Christ, et elle les mettra à exécution aussi vite que possible, en utilisant sa personnalité. L’âme apportera la vision et la vitalité spirituelle nécessaire, mais le désir, une fois encore, de surpasser les autres, de donner au monde le meilleur, de faire mieux que ce qui a jamais été fait, de faire régner la liberté la plus grande, la meilleure justice qui ait jamais existé, cette ambition viendra de la personnalité. Vous verrez.
Les Etats-Unis seront le pays qui fera les plus grands sacrifices en faveur de l’environnement. Au lieu de dire : « Non, nous n’avons rien à voir avec le Protocole de Kyoto. C’est anti-américain. C’est contre notre intérêt », ce sera l’opposé. Lorsque le deuxième rayon de l’Amérique adoptera les idées de Maitreya et s’efforcera de les mettre en pratique, il le fera à travers le sixième rayon de la personnalité, et les Américains seront les meilleurs. Vous verrez. La devise sera : plus tôt, plus vite, plus grand, mieux.
Q. Vous avez parlé du cœur sacré, ou du cœur spirituel, de l’homme. Existe-t-il réellement un moyen pratique qui nous permette d’en faire l’expérience, de le sentir, et de commencer ainsi à savoir par nous-mêmes que nous sommes des âmes ?
R. La première chose est de vous reconnaître en tant qu’âme. C’est la raison pour laquelle le principe christique naît dans le sanctuaire du cœur de l’homme, ou de la femme, en incarnation. C’est toujours de la matière, mais dans cette matière naît la lumière et l’amour de l’esprit. Ce principe christique, à peine perceptible au début, grandit peu à peu et il vous conduit à la première initiation. Pour finir, il vous mènera à la cinquième initiation. C’est le même principe qui nous guide à travers le long processus de l’initiation, jusqu’à ce que nous ayons atteint la perfection et que le travail de l’âme soit achevé.
Il vous éveille au fait que vous êtes une âme. Toutes les religions du monde ont eu pour but d’instruire l’humanité, car toute religion est un sentier qui mène à Dieu. Même si sa description du sentier est plus ou moins déformée, la religion, correctement comprise, est une méthode visant à nous montrer que nous sommes en réalité des âmes.
Nous sommes des âmes qui se sont revêtues de matière, se sont incarnées, et traversent un processus de retour vers l’état originel de pur esprit, enrichies de toute l’expérience que leur a apportée le séjour dans la matière. Grâce à cela l’aspect matière de notre planète est sans cesse perfectionné, spiritualisé.
Nous remplissons une fonction. Le but, le rôle de l’humanité est de spiritualiser la matière. Nous le faisons tout d’abord par la spiritualisation de notre propre corps. Nous élevons la matière, étape par étape. La matière est essentiellement de la lumière, mais elle ne ressemble pas à de la lumière tant qu’elle se trouve dans la forme. Nousmontrons que cette forme peut devenir de plus en plus raréfiée, de plus en plus lumineuse. Des particules subatomiques de plus en plus nombreuses sont attirées vers les corps physique, astral et mental au cours du processus d’évolution jusqu’à ce que, pour finir, il n’y ait plus que de la lumière. Un Maître est une personne d’aspect physique solide, comme vous le constaterez, mais son corps n’est pas assujetti aux lois de la matière. Il est assujetti uniquement aux lois gouvernant la lumière sur notre planète. Il a conquis la mort. Il a dépassé la vie sur le plan physique. Celui-ci n’a plus de réalité pour lui, mais en fait, il n’en a jamais eu, si ce n’est de manière relative.
La réalité est qu’il n’existe qu’un tout. Ce tout possède deux pôles, que nous appelons esprit et matière. Ce sont deux parties d’un même ensemble et chacune a le potentiel de l’autre. Tel est le secret. Ce n’est pas la même chose que si tout était esprit et que la matière ne comptait pas. Cette idée a régné au cours des deux derniers millénaires où l’on a nié la réalité du corps physique. Celui-ci a été honni des chrétiens. Ils l’ont haï et crucifié. La crucifixion est le principal symbole de la chrétienté, alors que ce devrait être la résurrection. La résurrection hors de la matière, dans l’esprit.
Les Maîtres ne rejettent pas le plan physique. Deux tiers d’entre eux sont dans des corps physiques, c’est ainsi qu’ils apparaissent sur la Terre. Mais ils ne sont pas limités par les fonctions du plan physique. Ils n’ont nul besoin de manger, de dormir, d’aller faire des courses, d’aller chez le coiffeur ou d’acheter des vêtements. Tout ce qui leur est nécessaire, ils peuvent le créer par la pensée. Ceci grâce à la compréhension des lois gouvernant l’esprit et la matière.
Il n’existe, fondamentalement, que l’esprit, mais l’esprit possède plusieurs niveaux, et nous appelons matière le niveau le plus bas. L’esprit et la matière sont considérés comme ne faisant qu’un, mais ils sont distincts dans le processus d’incarnation. Ils sont alors mis en relation de manière à ce que s’accomplisse ce qui ne pourrait l’être autrement. Nous ne pouvons spiritualiser la matière si nous n’avons pas de matière.
Le corps de cette planète doit être perfectionné. C’est le corps d’expression d’un grand Etre cosmique, qui est sur le sentier du perfectionnement. Un jour, ce monde sera une orbe brillante dans les cieux qui révèlera sa beauté rayonnante à tous les télescopes qui l’auront pris pour mire. Grâce à nous qui le perfectionnons peu à peu, qui le spiritualisons par notre action en tant qu’âmes venant en incarnation.