La décroissance rencontre le communisme

Partage international no 413février 2023

par Jun Tanaka

L’auteur, Kohei Saito, né en 1987, est titulaire d’un doctorat en philosophie de l’université Humboldt de Berlin et actuellement professeur associé à l’Université de Tokyo. Il est spécialisé dans la pensée économique et sociale de Karl Marx. K. Saito a décelé une solution à la crise du capitalisme dans les dernières œuvres de Marx, et il entend restituer cette idée dans Le capital dans l’anthropocène, qui diffère de l’interprétation conventionnelle de Marx.

L’impact de l’activité économique humaine est si important que le prix Nobel de chimie Paul Crutzen a déclaré que, géologiquement parlant, la Terre est entrée dans une nouvelle ère, qu’il a appelée l’anthropocène. …

L’un des concepts clés de la réinterprétation de Marx est l’idée de « communs communs » ou « communs regroupés ». Par commun ou communs, il entend la richesse qui doit être socialement partagée et gérée par le peuple. Ce n’est « ni la marchandisation de tout, comme dans le cas du capitalisme de marché, ni la nationalisation de tout, comme dans le cas du socialisme de type soviétique. La troisième voie, la voie commune, vise à la gestion démocratique de choses comme l’eau, l’électricité, le logement, les soins de santé et l’éducation en tant que biens publics, à gérer démocratiquement par nous-mêmes. »

En fait, pour Marx, le communisme ne vise pas la dictature d’un parti unique et un système étatique comme l’Union soviétique, mais plutôt une société dans laquelle les producteurs gèrent et exploitent conjointement les moyens de production en tant que « bien commun ». En outre, Marx envisageait le communisme comme une société dans laquelle les gens géreraient non seulement les moyens de production mais aussi la Terre en tant que « commun ».

K. Saito explique que c’est le « commun » qui remplacera le capitalisme et apportera une « abondance radicale » au XXIe siècle. Par exemple, l’électricité devrait être un « bien commun » parce que les gens de notre époque ne peuvent pas vivre sans elle. « Comme l’eau, l’électricité doit être garantie comme un droit humain et ne peut être laissée au marché, car le marché n’accordera pas le droit d’accès à l’électricité à ceux qui n’ont pas d’argent. » Un exemple de la façon dont l’énergie durable peut être gérée est la promotion des énergies renouvelables par le biais du pouvoir citoyen et des coopératives énergétiques. Il appelle cela la « gestion par les citoyens », par opposition à la privatisation. …

L’auteur conclut : « A l’ère de la crise climatique, nous devons aller un peu plus loin que le changement de politique et aspirer à une transformation du système social. L’opulence radicale qui peut être atteinte en sortant du capitalisme et en réalisant la décroissance est la véritable contre-proposition de feu K. Marx. »

Note éditoriale :

Share International souhaite ajouter les commentaires suivants qui témoignent de la future structure économique conseillée par le Maître de B. Creme. Il est évident, au vu des crises auxquelles l’humanité est confrontée, que les gens sont frustrés et en colère. L’impatience croissante face à la lenteur du changement, associée aux efforts continus de la part des « gros investisseurs » pour maintenir le statu quo quel qu’en soit le coût pour la santé de notre planète, est à l’origine d’une nouvelle vague de critiques de nos systèmes économiques. Beaucoup voient maintenant la fin du capitalisme brut. Cela dit, nous devons éviter une dislocation abrupte de la société – tout changement prend du temps et l’acceptation du changement nécessite une transition ordonnée et mesurée.

Les Maîtres préconisent une approche équilibrée et inclusive de l’économie du futur. Le Maître de Benjamin Creme conseille un équilibre entre 70 % de socialisme et 30 % de capitalisme. Cela répondra aux besoins de tous et rendra possible une évolution régulière, et non une révolution. Maitreya, lui aussi, a dit que tout changement réel prend du temps.

*L’anthropocène désigne la période la plus récente de l’histoire de la planète, où se fait sentir l’impact de l’activité humaine sur le climat et les écosystèmes.

Auteur : Jun Tanaka, collaborateur de Share International basé à Tokyo (Japon)
Thématiques : économie
Rubrique : Compte rendu de lecture ()