Partage international no 419juillet 2023

par Pauline Welch

Depuis 2001, tous les grands courants religieux ont établi des partenariats qui mènent des actions concrètes visant à relever les défis auxquels le monde est confronté. Depuis 2015, ces projets sont basés sur les nouveaux objectifs de développement durable (ODD) des Nations unies et décrits dans les Engagements de Bristol : des plans religieux pour un avenir durable.

Aujourd’hui, selon l’émission Earthrise (la Terre se réveille) d’avril 2023, sur la chaîne Al Jazeera, la priorité porte sur les crises environnementales et la reconnaissance active de la responsabilité qui incombe à l’humanité dans la gestion de la Terre. En conséquence, une approche multiconfessionnelle, multisectorielle et multiforme se développe rapidement, motivée par un nouveau sentiment d’urgence, un réexamen des valeurs religieuses et la prise de conscience de leur influence potentielle par le biais de l’éducation, du militantisme et d’une réorientation des finances.

Le potentiel de changement est énorme. Selon les estimations, près de 85 % de la population mondiale se réclame d’une religion, les chrétiens et les musulmans étant de loin les plus nombreux. Leurs actifs financiers et physiques combinés sont énormes et, grâce à la portée mondiale de ces religions et à leur capacité à mobiliser à tous les niveaux de la société, leur influence est inégalée par toute autre institution. Comme l’observe l’évêque Olivia Graham, responsable de l’environnement au sein de l’Église anglicane : « Nos hommes politiques ne sont pas enclins à développer une vision à long terme. Ils sont naturellement très concentrés sur l’intérêt national. Les groupes confessionnels transcendent cela : ils dépassent les frontières. Ils sont capables d’avoir une vision beaucoup plus large et de se mobiliser de manière très efficace. »

En 2019, un nouveau type de partenariat d’investissement, FaithInvest (Investir dans la foi), un réseau international à but non lucratif, a été créé à la suite d’une « réunion historique de Faith in Finance (Foi en la finance) réunissant des investisseurs religieux, des philanthropes, les Nations unies, des gouvernements nationaux et des sociétés d’investissement afin de développer l’investissement conforme à la foi dans le monde entier au bénéfice des populations et de la planète ». Il s’agit d’investir pour un « monde beau et juste », plutôt que de prendre des décisions d’investissement qui se contentent d’éviter les dégâts.

Martin Palmer, théologien et écologiste, président fondateur et premier directeur général de FaithInvest, explique : « Vous pouvez consulter la Bible, le Coran, la Bhagavad Gita, le Tao Te King, et vous y trouverez les valeurs et la mission qui devraient guider tout ce que fait la foi. Nous élaborons donc un programme d’investissement guidé par la foi. Il ne s’agit pas de simplement investir et puis d’utiliser l’argent pour faire de « bonnes choses », comme cela a été le cas au cours des cent dernières années. Vous placez cet argent de manière à ce que l’argent que vous gagnez soutienne les choses que vous souhaiteriez voir se produire. C’est ce qu’on appelle l’« investissement conforme à la foi », qui a déclenché un véritable engouement. »

Dave Zellner, président du conseil d’administration de FaithInvest, abonde : « Je pense que le but ultime est de changer le monde, rendre le monde meilleur. Il y a beaucoup de croyants possédant des fonds qui veulent s’aligner sur cet objectif – parvenir à une économie zéro carbone. »

En résumé, Amanda Burrell déclare : « Alors que l’ampleur de la crise du climat et de la nature augmente, il en va de même pour les alliances qui encouragent, inspirent et même forcent à l’action, parce que les gens se rendent compte qu’il n’y a pas de cause commune plus importante que la protection de la vie sur Terre. »

Auteur : Pauline Welch, collaboratrice de Share International,  résidant à Milton Keynes (Grande-Bretagne).
Sources : faithinvest.org ; Unep.org ; AlMaghrib Institute
Thématiques : religions
Rubrique : De nos correspondants ()