Partage international no 389février 2021

par Alexander Douwes Dekker

Le Maître tibétain Djwhal Khul a relaté le mouvement de l’humanité vers la Hiérarchie spirituelle des Maîtres et le mouvement de la Hiérarchie spirituelle vers l’humanité. En coopération avec Alice Bailey, il a écrit : « Depuis quelque temps, depuis l’année 1425 […], la Hiérarchie s’est rendu compte qu’un temps viendrait où ce mouvement projeté s’accomplirait. Les préparatifs ont avancé régulièrement. Un point à retenir est que cette intention dynamique (émanant tout d’abord de Shamballa) perturba sérieusement le rythme pendant plusieurs dizaines de milliers d’années ; ce fut un facteur de base déterminant » (Extériorisation de la Hiérarchie, page anglaise 568).

Nicolas Thomas, Public domain, via Wikimedia Commons
Comte de Saint-Germain

Conscients du plan du Logos et de l’arrivée de l’ère du Verseau, nos frères aînés, les Maîtres de Sagesse, préparent depuis cette date leur retour dans le monde matériel. Etant donné les divisions qui règnent au sein de l’humanité, les Maîtres, lors de la Conférence centennale de l’an 1425 après J.-C., ont demandé la permission d’utiliser la force de Shamballa afin d’insuffler au sein de l’humanité une tendance à la coopération et à la synthèse dans les affaires politiques, religieuses et culturelles des hommes. Il est impératif pour l’extériorisation de la Hiérarchie que l’humanité développe son sens de l’unité dans la diversité.

Au cours des XVe et XVIe siècles, la Renaissance s’est épanouie dans l’Europe chrétienne et dans le monde musulman ; dans l’Inde moghole et la Chine Ming, le commerce, les arts et les sciences ont à nouveau prospéré, grâce au rétablissement de la route de la soie et à un renouveau général de la civilisation et de la culture. Des hommes et des femmes, comme l’amiral Zheng He, Jeanne d’Arc, Kabîr et Léonard de Vinci ont non seulement exploré le monde et la nature humaine, mais ils ont également été les premiers à percevoir la divinité humaine, sous l’inspiration des Maîtres de Sagesse. Vers la fin du XVIe siècle, les premiers signes de syncrétisme sont apparus dans l’Inde moghole sous Akbar le Grand, et avec l’émergence du commerce mondial entre l’Empire espagnol et la dynastie Ming en Chine, après la découverte des Amériques. Les XVIIe et XVIIIe siècles ont vu cette nouvelle dynamique s’accélérer avec le retrait progressif des énergies des Poissons et l’influx progressif de celles du Verseau.

Premier contact direct

A l’époque des Lumières, un Maître de Sagesse s’est fait connaître du public en séjournant au sein des différentes cours d’Europe. Ce personnage mystérieux, connu sous le nom de Comte de Saint-Germain, est devenu le centre d’attention de la noblesse et des cours royales, pour ses capacités manifestes d’alchimiste, de peintre, de musicien et de philosophe parlant plusieurs langues, ainsi qu’en raison de sa mystérieuse « ascendance ». Il s’agissait du Maître Rakoczi, Seigneur de la Civilisation pour l’ère du Verseau, qui s’est ainsi présenté à un moment où une vision plus humanitaire et scientifique de la vie commençait à s’imposer (voir la Mission de Maitreya, tome III, p. 82), conduisant à l’idéal du Verseau : Liberté, Egalité, Fraternité (tel qu’il fut exprimé lors de la révolution française).

Le Maître R., disciple du Seigneur Maitreya, fut à la fois admiré et vilipendé par de nombreux contemporains qui virent en lui parfois un alchimiste, un artiste et un philosophe d’origine divine, mais aussi parfois un aventurier et un imposteur. Pourtant, l’humanité lui doit beaucoup ; il a inspiré de nombreuses inventions modernes, comme les chemins de fer, le gaz et l’électricité. Au moment où le « Comte » (nom que lui donnaient les Maîtres de la Hiérarchie) quittait la scène, le monde occidental entrait dans une ère de révolutions, en France, en Amérique, et la première révolution industrielle en Grande-Bretagne.

L’émergence de l’économie globalisée au XIXe siècle a donné naissance au capitalisme moderne et a transformé la concurrence entre les puissances coloniales européennes – Grande-Bretagne, France et Russie – en conflits impérialistes. Simultanément, l’effet croissant des énergies de Shamballa sur l’humanité toute entière a conduit à la formation de mouvements révolutionnaires, de partis politiques et de syndicats qui se sont activement engagés pour les droits des citoyens et des travailleurs, l’abolition de l’esclavage, pour le suffrage universel, les droits de la femme et pour la souveraineté et l’unité de chaque nation. C’est l’époque de la domination européenne au cours de laquelle de nouveaux Etats indépendants se sont formés, notamment en Amérique latine, et des nations comme l’Allemagne et l’Italie ont été unifiées. Les empires espagnol, ottoman et chinois ont connu un processus de désintégration alors que la plus grande partie de l’Afrique avait été morcelée par les puissances européennes et que l’Asie était en grande partie incorporée aux différents empires coloniaux européens. Ces révolutions ont non seulement touché l’économie mondiale et la lutte pour la liberté et la justice, mais aussi les domaines de la science et de la technologie.

Intensification de la préparation

« Au milieu de ce même [XIXe] siècle, le monde s’habilla d’un matérialisme négatif, et ne réussit cependant pas à étudier les vraies propriétés de la matière. La fin du siècle amorça une complète décadence, alors qu’une réévaluation des valeurs avait été prévu. » (Agni Yoga, p. 216, 1929). C’est à la fin du XIXe siècle qu’Helena Petrovna Blavatsky (HPB) fait son apparition sur la scène mondiale. Grâce à sa coopération étroite avec les Maîtres Koot Hoomi, Morya et Djwhal Khul, l’humanité a reçu des informations occultes de première main « pour encourager l’étude comparée des religions, des philosophies et des sciences » et « explorer les lois inexpliquées de la Nature et les pouvoirs latents en l’homme » (la Doctrine secrète).

Tout en devant faire face à l’adoration et au mépris de ses contemporains (comme le Comte avant elle), HPB créa la Société théosophique pour former un noyau de la fraternité universelle de l’humanité, sans distinction de race, de croyance, de sexe, de caste ou de couleur. Ainsi, les groupes intéressés en Orient et en Occident ont pu être (ré)initiés aux grands principes ésotériques, comme la loi de la renaissance ou de la réincarnation et la loi de cause et effet ou loi du karma, qui régissent notre évolution, ainsi qu’aux informations occultes sur l’existence et le travail de notre Hiérarchie spirituelle qui a guidé l’évolution de l’humanité depuis les époques lémurienne et atlante.

« Vers la fin du XIXe siècle, les rumeurs de la venue du Messie ou de l’Instructeur du monde se sont répandues parmi les groupes ésotériques. HPB avait écrit avant sa mort en 1891 que le véritable but de la Société théosophique était de préparer l’avènement de Maitreya, l’Instructeur du monde. » Annie Besant devint la présidente de la Société au début du XXsiècle, au moment où elle était le théâtre « d’intrigues et d’une division féroce des forces » (Pupul Jayakar, J. Krishnamurti, une biographie).

L’activité de la Hiérarchie s’intensifie

Annie Besant a travaillé en étroite collaboration avec CW Leadbeater, partageant la conviction que le Seigneur Maitreya, appelé le Christ en Occident et le Bodhisattva en Orient, devait se manifester par l’entremise d’un initié, comme cela s’était produit auparavant avec Krishna et Jésus (Mary Lutyens, Krishnamurti, les Années de l’Eveil). Ensemble, ils ont donc préparé le jeune Krishnamurti à devenir le prochain véhicule de l’Instructeur.

L’un des objectifs de l’afflux direct de la force de Shamballa, au début du XXsiècle, a été de stimuler le libre arbitre des masses, avec pour résultat la formulation et l’expression des grandes idéologies qui ont façonné l’histoire récente : le fascisme, la démocratie, le communisme (Extériorisation de la Hiérarchie, Alice Bailey, page anglaise 127). Cette évolution a culminé avec les ravages de la grande Guerre mondiale (qui selon les Maîtres, s’est déroulée de 1914 à 1945), mais par des réformes pacifiques. Ceci devait entraîner la disparition de l’ancien ordre impérialiste grâce aux révolutions et guerres civiles qui se sont produites dans de nombreux grands pays – Allemagne, Italie, Russie, Espagne, Chine et Japon – et plus progressivement en France, en Grande-Bretagne, en Inde et aux Etats-Unis.

Avant la Conférence centennale de 1925, Alice Bailey fut contactée par le Maître Djwhal Khul (le Tibétain) en 1919 et devint son copiste pendant les trente années suivantes. Ensemble, ils ont offert à l’humanité un vaste corpus d’enseignements ésotériques, allant de la psychologie ésotérique à l’Extériorisation de la Hiérarchie. Sur les plans intérieurs, Maitreya forma le nouveau groupe des serviteurs du monde – des hommes et des femmes travaillant dans le monde, motivés par la bonne volonté et le désir de servir leurs frères et sœurs. Ils se trouvent dans tous les pays et sont subjectivement liés à la Hiérarchie. Ils sont en quelque sorte son avant-garde pour le nouvel âge de Fraternité et de Synthèse. Un Maître a pris sa place à Moscou « de façon totalement occulte. Personne ne le connaît ; il travaille en coulisse, s’efforçant de neutraliser les effets du régime totalitaire qu’a subi le peuple russe à partir de 1917 » (le Grand Retour, B. Creme, p. 184). Pendant la même période, Helena Roerich a reçu les enseignements de l’Agni Yoga, principalement du Maître Morya, « afin d’alerter les disciples des dangers de la Guerre mondiale qui approchait et pour les galvaniser à passer à une action constructive en accord avec les intentions de la Hiérarchie » (la Mission de Maitreya, tome II, p. 599). Avec son mari, le peintre Nicolas Roerich et d’autres membres de la société, elle a activement fait campagne pour la paix dans le monde.

Au-delà de la guerre

Lors de ses voyages entre l’Inde, l’Europe et l’Amérique avec son petit groupe d’amis, Krishnamurti a vécu un processus intense, qui semblait le préparer à fusionner avec la conscience de l’Instructeur. Ce fut donc un choc pour beaucoup de ses adeptes, dont Annie Besant et C.W. Leadbeater, quand il commença à enseigner que la Vérité est en nous et ne peut être atteinte en suivant les autres, y compris les Maîtres.

Le Conclave hiérarchique de 1925 eut trois résultats : « Un nouvel afflux du principe christique d’amour véritable ou spirituel, qui est toujours libre d’émotivité et d’intention égoïste. » Ceci a permis de galvaniser le travail du nouveau groupe des serviteurs du monde et de sensibiliser l’humanité aux « questions liées à la fraternité ». Un autre résultat a été « la stimulation du principe des relations », s’exprimant par le développement des médias et des voyages, pour « rapprocher les êtres humains sur le plan extérieur de l’existence, afin de constituer un parallèle objectif au développement de l’unité spirituelle intérieure ». Dernier résultat, « l’afflux de la force de la volonté ou du pouvoir, issue du centre de Shamballa » (Extériorisation de la Hiérarchie, page anglaise 106). Cette force est la plus puissante dans le monde d’aujourd’hui et l’impact le plus direct de Shamballa sur l’humanité, en raison de son accumulation depuis 1425, date à laquelle le Logos a autorisé sa libération.

Après le krach boursier de 1929 et la Grande Dépression qui a suivi, la Guerre mondiale a refait surface, provoquée par l’Italie fasciste, l’Allemagne nazie et le Japon impérial en Asie, en Europe, en Méditerranée, en Afrique du Nord, dans l’Atlantique et dans le Pacifique. Leur succès militaire initial est dû à l’utilisation de l’aspect destructeur de la force de Shamballa, qui s’est traduit en volonté de pouvoir chez les trois puissances de l’Axe.

Juste avant que les Etats-Unis ne soient entraînés dans la guerre par le Japon, le président Roosevelt a formulé les « quatre libertés essentielles » pour tous les habitants du monde : la liberté de parole et d’expression, la liberté de chacun d’adorer Dieu à sa manière, l’affranchissement du besoin grâce à la coopération économique entre toutes les nations, et l’affranchissement de la peur, par l’instauration de la paix qui résultera de l’élimination de tout armement.

Cette déclaration fut suivie par la Charte de l’Atlantique, dans laquelle Roosevelt et Churchill ont déclaré leur intention, « après la destruction définitive de la tyrannie nazie » de « voir s’établir une paix qui offrira à toutes les nations les moyens de demeurer en sécurité à l’intérieur de leurs propres frontières, et garantira à tous les hommes de tous les pays une existence affranchie de la peur et du besoin » (Extériorisation de la Hiérarchie, page anglaise 319).

Au printemps 1944, le vent a tourné et les trois puissances alliées – Anglais, Américains et Russes, ont pris le dessus. Pendant les pleines lunes de mai et juin de cette année-là, le Bouddha commença à réorienter la force de Shamballa en collaboration avec le Seigneur du Monde et avec le Christ, le Seigneur Maitreya, qui agissait comme agent récepteur au nom de la Hiérarchie. De cette manière, la force de Shamballa fut réorientée vers l’humanité via la Hiérarchie qui s’est exprimée par son second aspect, la volonté-de-bien, et non par le premier, celui de la volonté de pouvoir. Jusqu’à la pleine lune de mai 1945, les membres de la Hiérarchie se sont unis dans un effort pour « sceller la porte de la demeure du mal ». Le but principal du travail du Bouddha et du Christ est de permettre à l’humanité de construire une nouvelle civilisation après la guerre, grâce à tous les hommes et femmes de bonne volonté, le Nouveau Groupe des Serviteurs du Monde (Extériorisation de la Hiérarchie, pages anglaises 437 à 442).

En juin 1945, à la fin de la Guerre mondiale, le Seigneur Maitreya annonça sa décision de revenir dans le monde. « Il déclara que si l’humanité, de son propre chef, prenait les premières mesures en faveur du changement, mettait sa maison en ordre, alors il viendrait, non pas en adombrant un disciple comme il l’avait fait en Palestine avec son disciple Jésus, mais en personne, et le plus tôt possible. Il déclara qu’il ne viendrait pas seul, mais à la tête d’un important groupe de disciples, les Maîtres de Sagesse ». (le Grand retour, B. Creme, p. 28). On espérait alors que son émergence pourrait se produire en 1950. Mais on le sait, « Dieu propose et l’homme dispose ».

Dans une deuxième partie de cet article, nous verrons comment les destins entremêlés de la Hiérarchie spirituelle des Maîtres et de l’humanité ont continué à déterminer le développement de notre planète et la manifestation du Plan évolutif de notre Logos.

Auteur : Alexander Douwes Dekker, collaborateur de Share International, basé à Deventer (Pays-Bas).
Thématiques : sagesse éternelle, spiritualité
Rubrique : Dossier ()