Partage international no 388décembre 2020

par Benjamin Creme

Cet article publié dans le premier numéro de la revue Share International, en janvier 1982, définie la spiritualité de manière large et inclusive. Intégrer cette conception est indispensable si l’on veut découvrir les solutions aux nombreuses menaces auxquelles le monde est confronté. Benjamin Creme traite ici de ce qui constitue l’une des raisons d’être de cette revue : offrir une nouvelle définition de la spiritualité, une définition qui puisse donner des pistes de réflexion en ces périodes de crise.

« Le terme « spirituel » ne se rapporte pas exclusivement à ce que l’on appelle les questions religieuses. Toute activité permettant à l’être humain de progresser vers toute forme de développement, qu’il soit physique, émotionnel, mental, intuitif ou social, est essentiellement de nature spirituelle. »

Dans cette déclaration du livre d’Alice Bailey Education dans le nouvel âge, le Maître DK souligne, selon moi, l’importance du changement de conscience qui doit s’accomplir dans notre relation au monde. Il propose une approche totalement nouvelle des activités qui ne sont pas strictement religieuses. Il affirme également que la monopolisation du terme « spirituel » par les groupes religieux fut la plus grande victoire des forces du mal sur cette planète.

De l’avis général, ce qui est « religieux » est « spirituel », tandis que, dans leur ensemble, toutes les autres activités sont profanes ou mondaines. Tant que nous allons le dimanche à l’église, nous pouvons consacrer le reste de la semaine à créer les structures et les conditions politiques, économiques et sociales les plus corrompues, malhonnêtes et irrationnelles. Nous avons séparé la vie religieuse de tous les autres aspects de notre être, et l’avons reléguée au rôle limité de « la vie intérieure ». Cela nous a permis de vivre notre vie extérieure de manière corrompue et malhonnête avec, comme conséquences, les difficultés que connaît maintenant le monde – que nous pourrions totalement détruire en pressant simplement un bouton.

Nous avons prostitué la science, tout comme nous prostituons tous les aspects de la connaissance divine, jusqu’à adorer le veau d’or, à l’opposé de notre nature divine, car nous n’avons su reconnaître cette divinité ailleurs que dans les domaines gardés par les religions.

Nous ne considérons pas l’homme comme un être spirituel à moins qu’il n’entre dans une église ou n’adhère à une quelconque religion. De ce fait, toute structure, politique, économique ou sociale, refusant ce qui pourrait lui donner une connotation religieuse – par exemple, les actuels systèmes du monde communiste – est jugée profondément mauvaise. Bien sûr, certains aspects de leur organisation peuvent être déclarés comme tels – le totalitarisme, le déni de la liberté individuelle sont irrémédiablement mauvais. Cependant, ils sont largement basés sur des principes profondément spirituels : la justice, l’égalité et la fraternité, qui ne sont pas seulement à l’origine de la révolution française mais de chaque révolution depuis cette époque.

Dans cette ère à venir nous devrons accomplir un changement de conscience afin d’inclure chaque partie de notre être dans notre définition du « spirituel ». Toutes nos structures devraient se baser sur l’Unité intérieure de l’humanité et refléter cette réalité. En tant qu’âmes nous sommes Un ; il n’existe rien de tel qu’une âme séparée. Nous devons créer des systèmes politiques, économiques et sociaux qui permettent à cette divinité intérieure de s’exprimer.

Nous avons édifié des systèmes basés sur de faux principes : compétition, division, séparation et inégalité, tout cela s’oppose à cette réalité intérieure. Cette réalité intérieure de l’homme, c’est l’unicité : une nature divine partagée, latente en chacun, qui a besoin, pour permettre au rayonnement intérieur de s’exprimer, de formes extérieures correctes. L’essentiel de la violence actuelle a pour cause l’écartèlement vécu par l’homme entre ce qu’il perçoit de lui-même, et son incapacité à le manifester sur le plan extérieur. Il a l’impression de n’avoir aucun contrôle sur les structures politiques et économiques qui le placent dans des catégories bien définies – une sorte de système de castes. Il réagit contre les circonstances extérieures qui n’ont aucun lien avec l’être divin qu’il se sent être. Il est en guerre contre lui-même et par extension contre la société dont il fait partie. Telle est la base des tensions sociales et de la violence actuelle du monde. Seule une rééducation de l’humanité à la véritable nature de l’homme, celle d’une réalité triple – esprit, âme et personnalité – et à la connaissance de la loi de cause et effet, et à sa relation avec la loi de renaissance, permettra à la véritable expression de l’homme de se manifester.

Auteur : Benjamin Creme, (1922-2016) : artiste et ésotériste britannique, ancien rédacteur en chef de Share International. Son contact télépathique avec un Maître de Sagesse lui permettait de recevoir les informations les plus récentes concernant l’émergence du Christ et de s’exprimer sur les enseignements de la Sagesse éternelle.
Thématiques : spiritualité
Rubrique : Dossier ()