Partage international no 395juillet 2021

par Anne Marie Kvernevik

Dans les deux premières parties de cet article1, Anne Marie Kvernevik a décrit la situation mondiale actuelle et l’entrée dans le nouvel âge et ses énergies. Celles-ci rendent possible le début d’une expérience de travail de groupe avec des disciples et le nouveau groupe des serviteurs du monde – qui coopère, consciemment ou inconsciemment avec les Maîtres de Sagesse – afin d’adapter l’humanité à cette nouvelle ère, pour l’aider dans cette transition.

La première partie s’est penchée sur l’origine de cette expérience ; quand elle démarra, c’était une expérience pour former des groupes ayant la tâche de distribuer les énergies spirituelles. Le plan prévoyait que les groupes soient formés en tant que groupes-semences pour exprimer – à l’état embryonnaire – la coopération, la cohésion et l’innocuité, et ainsi devenir l’avant-garde permettant à la synthèse et à la paix de se manifester dans le monde. La seconde partie a examiné les prérequis de l’intégration de groupe et les relations justes, à cette époque cruciale de l’Histoire. Dans la troisième partie, l’auteure approfondit la question des responsabilités des disciples opérant dans des formations de groupe, dans le but de servir le monde à notre époque pleine de défis.

La voie vers la coopération et la synthèse : l’application de la Règle XI2

Les prérequis de l’initiation de groupe donnés par le Maître Djwal Khul (DK) – la règle XI – peuvent être considérés comme des recommandations importantes pour coopérer, de façon à s’ajuster aux nouvelles énergies du Verseau. Cela nous amène à la question suivante : comment chaque disciple peut-il contribuer à l’effort de groupe, de coopération et de synthèse ?

L’initiation de groupe n’est ni limitée au groupe travaillant avec Benjamin Creme ni à notre temps. D’autres groupes, tels que d’autres groupes ésotériques, le nouveau groupe des serviteurs du monde, ce qui inclut des groupes spirituels comme les militants politiques, le mouvement pour le revenu universel, les militants pour le climat et beaucoup d’autres peuvent en avoir l’opportunité. Il y a des groupes de disciples dans tous les champs de l’entreprise humaine. Un trait caractéristique de tous les disciples sérieux et des groupes de disciples se vérifie en ce qu’ils travaillent à l’amélioration du monde d’une manière ou d’une autre, aidant d’autres personnes et la planète ; ils sont ainsi membres de groupes spirituels. Les disciples sincères sont fortement impliqués dans le service aux autres, s’oubliant eux-mêmes dans le processus. Un autre trait, pour l’ère du Verseau, tient au travail de groupe sans dirigeant, où conflits et critiques entres membres d’un groupe n’ont pas leur place. L’initiation de groupe est une expérience hiérarchique actuelle qui va se poursuivre loin dans le futur.

Là où un groupe peine, un autre groupe peut réussir. En outre, le sens du temps et le niveau de conscience dans le groupe sont cruciaux. Nous ne savons pas quand l’initiation de groupe aura lieu. Elle pourrait ne pas se produire pour ceux qui vivent maintenant, mais tous les disciples travaillent néanmoins dans ce sens. Elle sera le résultat de la coopération et de la cohésion du groupe.

Comme mentionné ci-dessus, l’initiation de groupe n’est pas le sujet principal de cet article. Le thème central en est la responsabilité du disciple en ces temps de mise à l’épreuve, et comment les quatre prérequis qui suivent peuvent être appliqués par chaque disciple, afin de contribuer à parvenir au fonctionnement de groupe, pour s’ajuster aux nouvelles énergies. Chaque disciple peut jouer un rôle important dans cet effort.

Dans ce qui suit, nous avons résumé ce qui semble être l’interprétation majeure de chaque prérequis, selon notre perception ; d’autres personnes peuvent percevoir ces règles différemment.

Parvenir à des relations de groupe non-sentimentales

Le Maître DK dicte : « […] l’élimination du sentiment, cette relation et réaction […], qui lie tous les membres d’un groupe et fait qu’ils se plaisent ou se déplaisent1. » Il explique que s’ils se plaisent, des membres du groupe établissent une relation trop forte de la personnalité, et l’équilibre du groupe en est perturbé. S’ils se déplaisent, la faculté interne de rejet travaille constamment, et des clivages se produisent. « N’est-il pas vrai, mes frères, que vos relations réciproques sont fréquemment soumises à l’impact de l’approbation ou de la désapprobation ? Lorsque cette attitude existe, les premiers pas vers la fusion de groupe ne se font pas. […] Ce pour quoi vous luttez ardemment, et qui prend trop de place dans votre pensée, devient alors une prison qui doit être détruite ultérieurement. Telle est la loi occulte. L’impersonnalité n’est possible que pour le disciple sachant comment aimer vraiment, et pour celui qui voit la vie et sa fantasmagorie (y compris les personnes qui y sont associées) à la lumière de la Triade spirituelle. […] De telles relations ne reposent pas sur la personnalité ou l’impersonnalité, sur la sympathie ou l’antipathie, ni sur la critique ou l’absence de critique, mais sur une vraie compréhension de la « divine indifférence », du détachement spirituel, et d’un amour immuable, permanent, profond2. »

Réaliser des relations de groupe non-sentimentales signifie ne pas avoir de réaction émotionnelle envers d’autres membres – face à ce qu’ils font ou disent, à leurs attitudes, etc., mais parvenir à une attitude aimante et dénuée de jugement envers eux, qu’ils s’apprécient parce que souvent ils ont une structure de rayons similaire, ou qu’ils ne s’apprécient pas à l’origine.

Apprendre à utiliser les forces de destruction de façon constructive

Benjamin Creme s’exprime ainsi : « Les forces de destruction sont les forces de l’aspect monadique qui est aussi, bien entendu, l’aspect destructeur – celui qui détruit ce qui fait obstacle au processus de vie. Au sens occulte, tout progrès, toute réussite sur le chemin de l’évolution est atteint par la renonciation à un aspect inférieur. L’inférieur doit être abandonné, détruit et enlevé car il fait obstacle à la manifestation de l’aspect supérieur3

« Les forces atmiques de destruction interviennent et se débarrassent de tout ce qui est vieux, inutile, négatif, et le groupe est libéré par les forces de destruction de manière positive et constructrice4. »

« Pour réussir quoi que ce soit de valable, nous devons perdre quelque chose. Lorsque nous parvenons à un but, c’est en sacrifiant quelque chose de moins important. Nous devons être prêts à détruire certains aspects de notre vie, et cela est vrai pour tous les groupes partout dans le monde. C’est vrai partout où travaille un groupe de méditation de transmission5. »

Le Maître DK explique ainsi ce second objectif : « En réalité, il y a peu de chose pour lier les personnes, si ce n’est l’inclination, une aspiration commune et un but envisagé et poursuivi à l’unisson. La caractéristique marquante d’un tel groupe est l’égoïsme spirituel : […] le désir de développement, de réalisation et de libération. Donc le premier pas à faire est de le reconnaître […] et tuer le désir*. Ce doit être la première activité destructrice du disciple. Ce n’est pas ce que le disciple cherche, ou veut, ou désire qui doit l’influencer et le conduire à ce que nous pourrions appeler l’« acquiescement ashramique », mais le motif tout puissant du besoin mondial. Le disciple commence donc à se débarrasser du désir par un processus d’attrition. […] Il cesse de le reconnaître […] il est préoccupé du besoin du monde, du service qu’il peut rendre ; et – presque sans qu’il s’en aperçoive, en quelque sorte – le désir meurt d’attrition. »

« La mesure à prendre ensuite est la destruction des liens qui rattachent les personnalités des membres du groupe*. […] Les relations réciproques des membres du groupe doivent avoir pour base l’activité de l’âme, l’engagement commun vis-à-vis du Maître de l’ashram et, dans l’union, le service consacré à l’humanité. […] Ces deux processus spirituels de destruction – destruction du désir et rupture de tous les liens de la personnalité – sont les deux premiers résultats, essentiels à la vraie vie de groupe. »

« La troisième caractéristique qui doit être […] détruite est celle de toute réaction s’attachant au fait d’être reconnu*, que cette reconnaissance soit accordée par le monde des hommes, par d’autres disciples, ou par le Maître. L’aptitude à travailler sans aucun témoignage de reconnaissance, à voir les autres prétendre à la récompense de l’action, et même à ne pas s’apercevoir que les résultats du bien instauré par le disciple ou son groupe sont revendiqués par d’autres, sont les signes distinctifs du travailleur hiérarchique. […] Nous en revenons donc (comme toujours) au fait que lorsqu’un groupe peut arriver à un point correct de tension dans l’union, les réactions non essentielles disparaissent et les qualités indésirables sont automatiquement rejetées. […] La méthode employée est celle de l’utilisation de la volonté de groupe2. »

Utiliser les forces de destruction de façon constructive signifie, par exemple pour les membres du groupe de l’Emergence, de s’observer eux-mêmes, d’être honnêtes quant à leurs intentions, et d’adopter une attitude inclusive et respectueuse envers les membres du groupe. Cela signifie être occupés par le service, par le besoin du monde, par le « travail de Réapparition » et la méditation de transmission, afin d’augmenter la tension spirituelle dans le groupe, et donc oublier ses intérêts personnels et ses sentiments. Appliquer la volonté de cette manière détruit graduellement la nature astrale. Alors, cette dernière va commencer à céder sa mainmise sur la personnalité. (La plupart des disciples dans ces groupes sont polarisés astralement.) De cette façon, le disciple détruit l’inférieur pour le supérieur d’une manière constructive. Cela est de la responsabilité de chaque disciple, afin d’être un membre constructif du groupe et d’amener sa contribution au développement de la fusion de groupe.

Parvenir à travailler comme une hiérarchie en miniature, et que le groupe démontre l’unité dans la diversité

Selon Benjamin Creme : « Démontrer l’unité dans la diversité est peut-être plus simple à imaginer. […]  Tous les groupes doivent travailler en vue de l’unité dans la diversité. Mais l’unité est une diversité unifiée. […] Les sept Rayons créent la plus grande diversité, tant à l’échelle d’une nation que d’un être humain. […] Tous ont une raison d’être différente et différentes qualités, donc ils créent une diversité. L’objectif est de créer l’unité qui tient cette diversité ensemble, ce qui la rend riche et lui donne du sens. […] Travailler en tant que hiérarchie en miniature signifie reconnaître que le groupe est composé de membres à différents points d’évolution. […] Un groupe de disciples se trouve à peu près au même niveau d’évolution. Mais cela doit s’entendre dans un sens très général. […] Certains visent peut-être encore la première, la plupart se dirigent vers la deuxième, un petit nombre vers la troisième, voire même la quatrième. […] En définitive, le groupe a besoin de personnes à tous les niveaux d’évolution, qui peuvent supporter les énergies de la Hiérarchie à leurs propres niveaux»

Le Maître DK décrit ce que signifie travailler en tant que Hiérarchie miniature : « Le travail […] exige une diversité de caractéristiques et de pouvoirs, afin d’être efficace dans la manifestation sur le plan extérieur. Sont nécessaires ceux qui sont en contact étroit avec le Maître, donc des initiés d’un certain grade ; sont nécessaires aussi ceux qui ont une facilité de relation avec l’ashram intérieur, donc des disciples anciens, mais pas forcément de hauts initiés ; sont nécessaires aussi ceux qui ne sont pas aussi avancés sur le sentier du disciple, car ils ont, ou peuvent établir, des rapports étroits avec l’humanité ordinaire dans la vie de tous les jours. Un tel groupe de disciples est en conséquence une hiérarchie en miniature et une hiérarchie existe en ses divers degrés afin de permettre un vaste éventail de relations efficaces2. »

L’objectif est que les groupes, qu’ils le sachent ou non, soient aussi compétents que possible pour effectuer leurs taches sur le plan physique, pour servir l’humanité et pour le travail de préparation pour Maitreya et les Maîtres de la meilleure des façons. Plus les groupes sont variés en structures de rayon et en niveaux d’évolutions, mieux le travail peut-il être exécuté. Etre conscient de ces différences entre les membres du groupe et les comprendre devrait être encouragé et soutenu dans le groupe et contribuera à son unité.

Cultiver la puissance du silence occulte

Selon Benjamin Creme, la loi du silence occulte exige du disciple « qu’il cultive la puissance de la pensée correcte, qu’il sache que penser et comment penser, quand parler et quand ne pas parler. Parler à bon escient fait partie de l’utilisation de la puissance du silence occulte6. »

Pour le Maître DK, « le silence imposé dans un ashram c’est l’abstention de certaines lignes de pensée, l’élimination de la rêverie et de l’utilisation malsaine de l’imagination créatrice. La parole est, en conséquence, contrôlée à sa source, car la parole est le résultat de certaines sources intérieures d’idées, de pensée, et d’imagination […] Je veux dire qu’il faut refuser d’admettre certaines lignes de pensée et de développer certaines manières d’aborder les idées ; certaines habitudes de pensée doivent être extirpées.

Ceci est réalisé par un processus de substitution, et non par un violent processus de refoulement*. L’initié apprend à maintenir le mécanisme de sa pensée en un certain état d’efficacité. Ses pensées ne se mêlent pas les unes aux autres, mais elles sont contenues dans des compartiments séparés […] Certaines couches de pensée […] sont maintenues dans l’ashram, et il ne leur est jamais permis de pénétrer dans le mental du disciple ou de l’initié, lorsqu’il ne travaille pas consciemment dans l’ashram ; d’autres se rapportent au groupe et à son travail ; elles circulent librement à l’intérieur du cercle infranchissable du groupe ; d’autres encore sont davantage du monde et gouvernent sa vie et ses relations quotidiennes avec les personnalités et les affaires de la vie civilisée, et les événements du plan physique. Ce ne sont que des indications de ce que je veux dire, mais elles suffiront […] à illustrer quelque peu ce que l’on entend par silence de l’initié. A l’intérieur des niveaux permis de contact, la parole est libre et sans entraves ; hors de ces niveaux, on ne laisse même pas entrevoir l’existence d’autres sphères d’activité de pensée et de parole les conditionnant2. »

Pratiquer le silence occulte signifie, par exemple, devenir le gardien de ses pensées et de sa parole. Le disciple s’efforce d’être conscient quand, par exemple, des sentiments négatifs ou des pensées de critique se fraient un chemin dans sa conscience. Alors, il élève sa conscience vers le centre ajna, et les arrête à la source. Le disciple substitue ces pensées en contactant l’âme, qui envoie bonne volonté et amour, et il oublie les sentiments de la personnalité qui sert. Evidemment, c’est un processus difficile composé de tâtonnements, mais le Maître DK se veut rassurant : « L’apparition de conditions émotionnelles ou de mirages dans l’expression de votre vie n’indique pas nécessairement un échec. Il n’y a d’échec que si vous vous identifiez à des conditions astrales et si vous succombez aux rythmes anciens. […] Ces conditions doivent alors être reconnues pour ce qu’elles sont et évoquer en vous la « divine indifférence » ; celle-ci laisse l’émotion ou le mirage mourir d’inanition parce que privés du « pouvoir nourrissant » de l’attention6. »

Ces quatre prérequis à l’initiation de groupe – servant ici de lignes directrices pour la coopération dans le groupe – ainsi que le message suivant, de Maitreya, contribueront peut-être à guider le disciple dans son service, et à lui donner espoir.

« Rappelez-vous que nous nous trouvons à la fin d’une civilisation et au début d’une autre, à un moment extraordinaire de l’histoire du monde ; ne vous étonnez donc pas que les hommes aient à souffrir du changement. Pour certains, ce changement est une libération. Pour d’autres, il rime avec détresse et insécurité. Mais mes frères, la souffrance n’aura qu’un temps, et nombreux sont ceux qui le savent déjà. Vous trouverez de l’aide en abondance pour franchir ce cap difficile. Accueillez avec joie l’âge qui commence, et sachez reconnaître les signes du renouveau. En vérité, je vous le dis, je suis avec vous. En vérité, je suis parmi vous de bien des façons.7 »

L’auteure tient à remercier Anja Askeland, Haakan Ekvall, et Rita Pedersen pour leurs contributions.
*Les mises en exergue sont de l’auteure.

Références :

  1. Voir PI, janvier/février et avril 2021.
  2. A. Bailey, Traité sur les Sept Rayons, volume V : Les Rayons et les initiations.
  3. B. Creme, La mission de Maitreya, tome 2.
  4. 4. Creme, Vers l’initiation de groupe, Partage international, mars 2011.
  5. 5. Creme, Vers l’initiation de groupe, Partage international, janvier-février 2011.
  6. A. Bailey, L’état de disciple dans le Nouvel Age, tome 1.
  7. B. Creme, Message de Maitreya, PI, mai 2016.

Auteur : Anne Marie Kvernevik, collaboratrice de Share International résidant en Norvège.
Thématiques : sagesse éternelle, spiritualité
Rubrique : Dossier ()