Partage international no 412décembre 2022

par Corné Quartel

Pourquoi la pensée utopique suscite-t-elle si souvent le scepticisme ? Nos systèmes politiques, économiques et sociaux actuels ne parviennent pas à lutter contre les inégalités croissantes, la pauvreté sordide dans un monde d’abondance, le changement climatique, les migrations et l’épuisement des écosystèmes. On peut affirmer que la pensée utopique n’est pas simplement une fantaisie idéaliste, elle est essentielle pour redéfinir notre avenir – un avenir à même de susciter un sentiment d’anticipation positive, par opposition à la réalité inquiétante et stressante dépeinte par les médias grand public. La pensée utopique n’est pas non plus de la science-fiction, qui peut être divertissante mais ne montre bien souvent qu’une continuation dystopique de la monotonie et de la laideur actuelles, une vue matérialiste du monde dans laquelle les valeurs humaines et le développement moral de l’humanité sont largement dépassés par la technologie – autant de visions qui nous condamnent à un avenir sombre et à la fin probable de notre civilisation.

De son côté, la littérature ésotérique expose nombre de visions inspirantes de civilisations incarnant nos valeurs les plus élevées, susceptibles de stimuler notre imagination d’une façon plus constructive. Une étude approfondie a été commandée par la Banque mondiale en 1980 et a débouché sur le Rapport Brandt, un document visionnaire présentant des recommandations pratiques pour une stabilité mondiale à long terme. Et pourtant, le premier ministre néerlandais néolibéral a déclaré : « Une vision, c’est comme un éléphant qui bloque la vue », en d’autres termes, un obstacle au profit à court terme. Alors encore une fois, pourquoi le scepticisme, l’inertie et la résistance au changement sont-ils si courants ?

 

Découragement, peur du changement ou indifférence ?

Nombreux sont ceux qui sont déçus par le « système » (ou par la race humaine), se détournent de la politique et craignent qu’il n’y ait pas de solution à l’agitation croissante du monde. Ils se posent une question légitime : ces visions utopiques du futur offrent-elles de réelles solutions et sont-elles réalisables ?

La peur que le changement soit synonyme de détérioration, une peur profondément ancrée de devoir se priver, et la peur de devoir renoncer à ses privilèges ou à sa liberté sont présentes. Il y a une attitude complaisante et peu charitable chez les privilégiés, selon laquelle « moi, ça va, merci. Pourquoi changer ? » Cela soulève deux questions pertinentes auxquelles le grand public devrait trouver des réponses afin d’aller de l’avant : ces visions utopiques sont-elles bénéfiques pour tous, y compris pour les personnes économiquement privilégiées ? Et si oui, sont-elles réalisables pratiquement ?

On peut trouver des réponses convaincantes à ces questions dans les Enseignements de la Sagesse éternelle, ainsi que dans des politiques avant-gardistes, en particulier celles présentées dans le Rapport Brandt, qui illustrent comment une société qui instaure un partage équitable des ressources et la coopération devient beaucoup plus efficiente. En abandonnant la compétition, la confrontation, la division et l’appât du gain, les gens se sentent beaucoup plus heureux, en sécurité, et jouissent de davantage de temps de loisirs. De telles sociétés sont décrites par exemple dans Operation survival Earth [non traduit en français] de Stefan Denaerde, A l’intérieur des vaisseaux de l’espace de George Adamski et Du Banal au magnifique de Vera Stanley Alder (récits cités par la revue Partage international et authentifiés par Benjamin Creme.

Pour ceux qui sont familiers des Enseignements de la Sagesse éternelle, l’idée que l’univers entier est plein de vie (et de formes de vie humaine similaires à la nôtre) et que nous, sur la planète Terre, ne sommes pas la civilisation la plus avancée, n’est pas surprenante. Si nous examinons les descriptions de civilisations avancées, il est intéressant de constater que, au-delà de leurs particularités, elles sont toutes basées sur les mêmes valeurs humaines et spirituelles, et le principe sous-jacent de l’« unité dans la diversité ».

Loin d’être un fantasme vague ou mystique, une utopie peut se définir comme « un lieu, un état ou une condition qui sont parfaits sur les plans de la politique, des lois, des coutumes et des conditions sociales ». Cela ne signifie pas que tous les gens y sont parfaits (ou « illuminés »), mais que le système l’est : il favorise l’épanouissement de toute vie et crée les circonstances favorables au développement spirituel de chacun et à l’approfondissement de leur connaissance de l’univers et des lois de la vie. Il n’est pas statique. Il accélère le voyage spirituel vers la « perfection », même si, comme le savent les ésotéristes, l’évolution de la conscience n’a pas de fin et le concept de perfection est donc relatif.

Auteur : Corné Quartel, ingénieur en conception industrielle et artiste, est un collaborateur de Share International basé à Amsterdam (Pays-Bas).
Thématiques : vie dans le nouvel age
Rubrique : De nos correspondants ()